La semaine passée, après les récents coups d’État au Niger et au Gabon, la Guinée-Bissau s’est mise à trembler, laissant craindre un nouveau soulèvement en Afrique.
Finalement, pas de renversement en Guinée-Bissau, mais il faut dire qu’avec 146 tentatives de putsch sur le continent (dans 41 pays différents) depuis 1945, le continent détient un triste record. Quelles en sont donc les causes?
Quelques chiffres
7 coups d’État sur 10 dans le monde ont lieu en Afrique. Sur le podium, on retrouve le Soudan avec 10coups d’État, devant le Burundi (8) et le Burkina Faso (8). Seuls deux pays n’en auraient pas connu: l’Afrique du Sud et le Malawi. Mais, après une accalmie depuis le début des années 2000, on en dénombre 10 depuis 2020, la plupart en Afrique francophone, démontrant un retour de l’instabilité.
Les causes de ce chaos à répétition
Chaque pays rencontre des situations intérieures différentes. En schématisant, on peut toutefois distinguer trois grandes causes à ces coups d’État.
Tout d’abord, l’importance de l’appartenance ethnique ou religieuse, couplée à des régimes démocratiques importés et souvent inadaptés à la réalité locale (participation électorale souvent limitée aux grandes villes), facilite la remise en cause régulière des gouvernements.
Ensuite, certains pays vivent sous le joug de dynasties en place depuis toujours ou presque et qui accaparent la majorité des richesses. C’était le cas au Gabon avec le clan Bongo, en place depuis 55 ans avant le renversement de septembre dernier.
Enfin, le contexte sociopolitique y est pour beaucoup: la jeunesse africaine est aujourd’hui mieux formée et aspire à des emplois mieux rémunérés et à des progrès sociaux, que beaucoup de régimes ne peuvent leur garantir.
L’armée comme salut
En sus de cela, la situation sécuritaire souvent dégradée de ces pays offre un poids important à l’armée: également victimes de ces systèmes, les militaires capitalisent sur le mécontentement et s’érigent en solution pour se retourner contre le détenteur du pouvoir (au Niger comme au Gabon, le putsch a été fomenté par la garde présidentielle, la plus proche du président et censée lui être loyale). Avec un effet de contagion: le coup d’État appelle le coup d’État, dans le pays mais aussi dans les pays voisins qui, à situation équivalente, sont tentés de faire de même.
Des exigences accrues pour les juntes
On dit souvent que «les européens ont la montre, les africains ont le temps». Pourtant, les exigences de la population vis-à-vis de ces juntes les obligent de nos jours à des résultats rapides: ceci aboutit à des dérives néfastes, confiscations du pouvoir et musèlement des libertés, dont celle de la presse, afin de tarir toute contestation. Et les organisations régionales étant incapables de faire appliquer des sanctions sur les putschistes, il y a fort à parier que le coup d’État a encore de longs jours devant lui…
En attendant, «L’arbre à palabres» vous donne rendez-vous en 2024 pour aborder un vrai sport national: le football, puisque la CAN (Coupe d’Afrique des nations) se tiendra en Côte-d’Ivoire du 13janvier au 11 février.
Guillaume
Actuailes n°169 - 13 novembre 2023
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