Fin novembre, le Washington Post et le Spiegel, deux journaux internationaux de grande audience, ont révélé que la destruction du gazoduc Nord Stream 2 avait été coordonnée par un officier ukrainien.
Retour sur les faits
Ce gazoduc avait pour projet d’avitailler l’Europe depuis la Russie. Sa destruction en septembre 2022 avait concentré toutes les critiques et exacerbé l’agressivité occidentale à l’encontre de la Russie, rapidement désignée comme coupable. Cette révélation change donc la donne aujourd’hui…
D’ailleurs, le constat général sur la guerre n’est pas non plus si clair: contre toute attente, la Russie devrait remporter cette guerre.
La Russie
En effet, malgré les sanctions économiques occidentales, la croissance économique de la Russie se porte bien; son gaz et son pétrole se vendent très bien en Chine et en Inde, qui les revendent notamment en Europe; sur le plan militaire, les offensives ukrainiennes se soldent par des échecs malgré la fourniture d’importants matériels occidentaux, et les forces russes semblent maintenant inamovibles en Crimée comme dans l’est de l’Ukraine.
Les autres pays
Surtout, on peut observer un isolement de l’Europe et des États-Unis sur la scène internationale: certains États, comme l’Inde, le Japon, l’Iran ou la Chine cessent d’utiliser le dollar comme monnaie d’échange; les pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine refusent de soutenir les condamnations de la Russie à l’ONU; et ces pays souhaitent s’unir plus encore pour porter une voix indépendante des États-Unis… La conclusion est claire: l’Occident perd de son aura.
Devant un tel constat, mettre fin à cette guerre aurait du sens. Rappelons-nous qu’elle est le déclencheur d’une crise économique et énergétique importante en Europe et que les citoyens occidentaux sont inquiets pour l’avenir. Or, si d’un point de vue diplomatique, l’entrée de la Russie en Ukraine est contestable, l’Europe est restée autrefois bien plus silencieuse à l’encontre des bombardements de l’OTAN en 1999 en Serbie, en Irak en 2003 ou en Libye en 2011, alors que le motif de ces guerres menées par les États-Unis n’était pourtant pas évident. La guerre en Ukraine ne semble donc plus aussi limpide qu’on avait voulu nous le faire croire au départ, et lancer des pourparlers de paix serait sensé.
Et l’Ukraine ?
Mais l’Ukraine du président Zelensky ne souhaite pas cette paix et multiplie ses appels de soutien et ses demandes pour recevoir des armes, même si son audience se réduit.
Toutefois, que pense le peuple d’Ukraine? Si cet épisode douloureux aura sans nul doute affirmé son identité et uni sa nation, le peuple continue de souffrir, de perdre ses fils à la guerre et de subir de continuelles destructions.
Qui pourrait aujourd’hui tenir le rôle de médiateur et appeler les belligérants à la paix? La France saurait-elle retrouver sa voix d’antan pour unir les nations?
Abu Jibril
Actuailes n°169 - 13 décembre 2023
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