L’Église d’Auvers-sur-Oise, vue du chevet Vincent van Gogh (1853 – 1890)

Déjà bien malade, Van Gogh vit ses dernières semaines à Auvers-sur-Oise, au nord de Paris. Il peint ce qu’il a sous les yeux: l’église du village. Ses lignes sont tourmentées, tout comme le ciel, à l’image de l’esprit du peintre… 

L’église du village 

Une petite église de village du XIIIe siècle occupe presque toute la toile. Elle semble prête à se disloquer, tant ses murs et son toit se tordent sous le pinceau de Van Gogh, sans souci d’une perspective exacte. L’église est comme enserrée entre deux chemins qui se séparent à l’endroit où le peintre a posé son chevalet. 

Dos aux spectateurs, une femme, certainement une paysanne, emprunte le chemin de gauche et se dirige vers les maisons situées à l’arrière-plan du tableau. On devine en effet un village, en contrebas de l’église.  

Une réalité déformée 

Les tournoiements des murs sont à l’image de l’esprit tourmenté du peintre. Ils semblent onduler, comme de hautes herbes sous l’effet du vent, et donnent un effet dramatique à la scène. Évidemment, l’artiste ne reflète pas un bâtiment réel; sinon il est probable que cette église serait proche de l’écroulement! Les contours restent flous, soulignés par des traits noirs et blancs, comme si la lumière accrochait les surfaces saillantes de l’édifice. Les tuiles oscillent entre bleus et orangés, couleurs complémentaires qui s’harmonisent. 

Les vitraux reflètent la couleur du ciel, d’un bleu si sombre qu’il pourrait être celui d’une nuit. Mais l’ombre et la lumière sont bien distinctes sur l’herbe et les fleurs au bord des chemins, nous donnant la certitude que la scène se déroule bien en pleine journée. 

Une des dernières œuvres d’un peintre malade 

Lorsqu’il peint ce tableau, Vincent van Gogh est déjà bien malade. Il souffre de troubles psychiatriques l’obligeant à être interné. Après avoir passé un an hospitalisé à Saint-Rémy-de-Provence, dans le sud de la France, il s’installe à Auvers-sur-Oise, village situé à une trentaine de kilomètres de Paris. Il y est soigné par un médecin ami de son frère Théo, le docteur Gachet, qui est aussi un ami des peintres impressionnistes. 

Van Gogh séjourne à Auvers pendant soixante-dix jours, jusqu’à sa mort. Il dessine beaucoup et peint soixante-dix toiles. Celle-ci est la seule consacrée à l’église.