C’est arrivé le 18 janvier 1486
Le mariage d’Henri VII Tudor et d’Élisabeth d’York met fin à la guerre des Deux-Roses
Ma chère Apolline,
Tu sais sans doute que l’emblème de l’Angleterre est la rose. Mais as-tu remarqué que cette rose a la particularité d’être bicolore – son cœur est blanc tandis que son pourtour est rose?
Cette singularité est liée à l’Histoire: dans la deuxième moitié du XVe siècle, deux grandes familles anglaises se sont affrontées dans une guerre civile pour la conquête du trône, les Lancastre (leur symbole est une rose rouge) et les York (emblème: une rose blanche).
Tout a commencé à la fin de la guerre de Cent ans; les Anglais essuient défaite sur défaite et perdent une à une toutes leurs possessions sur le continent, en raison du renforcement du pouvoir français de CharlesVII, tandis que le roi d’Angleterre Henri VI n’est qu’un enfant. La folie du roi n’arrange pas la situation, et ses opposants cherchent à prendre le pouvoir.
Le théâtre de Shakespeare raconte les règnes de ces différents rois d’Angleterre qui se sont succédé tout au long du XVe siècle, dans la période qui précède cette guerre, marquée par des querelles entre les factions nobiliaires, des révoltes et des trahisons.
À vrai dire, on distingue le temps de la guerre proprement dite des années antérieures, parce que les partis ne se contentent plus de querelles et de trahisons, mais s’affrontent sur le champ de bataille. De plus, en trente ans de conflit, on compte cinq rois et sept changements de monarque: certains d’entre eux sont déposés, puis remontent sur le trône en fonction de la fortune de leur parti.
Alors que la guerre dure depuis plus d’un quart de siècle, et que Richard III, chef du parti York, est considéré comme un usurpateur par un grand nombre de ses sujets, accusé d’avoir fait assassiner son neveu Édouard V, l’un des petits princes de la Tour de Londres, les deux partis arrivent enfin à un accord. Henri Tudor, chef du parti lancastrien et fils du demi-frère d’Henri VI, dernier roi des Lancastre, mort un mois avant son fils, promet d’épouser Élisabeth d’York, fille d’Édouard IV et sœur d’ÉdouardV, le jeune prince assassiné avec son frère dans la Tour de Londres. L’alliance des deux maisons mettra ainsi un terme au conflit. Mais, pour être sûr que Richard III ne risque pas de contester encore et toujours le droit à régner de celui qui va se faire appeler Henri VII, une dernière bataille a lieu en août 1485, au cours de laquelle Richard III est tué, et les opposants à l’union vaincus.
Le mariage royal et l’union des deux partis peuvent alors se dérouler sans encombre, mettant ainsi fin à cette guerre civile au nom si poétique.
Voilà ma chère Apolline comment un mariage a réconcilié deux factions, et tout un pays.
Je t’embrasse, et te laisse rêver à ces princesses en hennin et ces chevaliers en armures dont les emblèmes étaient des fleurs.
Tante Cécile
Actuailes n°170 - 17 janvier 2024
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