Ce samedi 13 janvier a débuté en Côte-d’Ivoire la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football.
Pendant un mois, les équipes de vingt-quatre pays, parmi lesquelles les Éléphants (Côte-d’Ivoire), les Super Eagles (Nigéria) ou encore les Étalons (Burkina Faso) s’affronteront au cours du troisième plus grand événement footballistique au monde. Quels en sont les réels impacts et retombées pour le continent? Est-ce un témoin de la vitalité du continent?
Un engouement fort
Miroir de l’Afrique d’aujourd’hui, la CAN suscite tous les deux ans un engouement non démenti, sur ce continent où le ballon rond est roi. D’ores et déjà, les rues d’Abidjan, comme celle des quatre autres villes du pays accueillant des matches, pullulent de vuvuzelas1 et de scènes de liesse hautes en couleur. Mais la CAN n’est pas regardée seulement en Afrique; elle fait l’objet d’une médiatisation à l’international, en France en particulier, d’autant que 60% des joueurs de la CAN évoluent dans des clubs non africains.
Un «Éléphant blanc» pour les pays hôtes?
Le plus grand événement sportif d’Afrique devrait être une aubaine économique pour le pays hôte. Comme tout rendez-vous de ce niveau, il demande des investissements colossaux, avec la création de nouvelles infrastructures sportives et de routes, il attire des supporters prêts à consommer et dégage des revenus publicitaires. Pourtant, la CAN peine à être une réussite commerciale.
Les prix des billets, d’avion ou des matches, sont souvent très élevés et prohibitifs, et cela limite l’afflux de supporters ne pouvant assumer cet investissement. Les premiers prix pour assister à un match sont autour de 10 euros, dans des pays où le salaire mensuel minimum est de 60 euros. La rentabilité des stades nouvellement construits, avec des capacités pas adaptées aux besoins sportifs habituels, est très réduite. Enfin, l’impact sur le tourisme dans le pays hôte demeure assez limité, la plupart des spectateurs étant en réalité des locaux.
On parle d’«Éléphant blanc» pour qualifier ces grands investissements qui s’avèrent plus coûteux que rentables.
La diplomatie des stades
In fine, la CAN est surtout intéressante pour les entreprises privées. Les sponsors tout d’abord (Orange, Betclic, Total), mais aussi les médias (Bein Sports, entre autres). Autres grands gagnants de la coupe: les entreprises – chinoises en tête – d’équipements et de constructions qui se sont lancées depuis de nombreuses années dans une politique de diplomatie des stades en Afrique: des stades «offerts» avec l’aide de prêts bonifiés, dans le cadre des «nouvelles routes de la soie» chinoises. La Chine aurait ainsi investi 1,5 milliard de dollars en Côte-d’Ivoire depuis 2020.
Pour en revenir au sport
Mais revenons sur le terrain: cette édition devrait comme d’habitude nous réserver son lot de surprises, avec des «Petits Poucets» qui devraient profiter des premiers tours pour dévorer quelques poids lourds de la compétition. Et vous, quel est votre favori? Le vainqueur sera connu le 11 février prochain.
Guillaume P.
Actuailes n°170 - 17 janvier 2024
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