Cette semaine, la Commission européenne a annoncé la création d'un vaste programme pour soutenir le développement des SMR, des micro-réacteurs nucléaires dont la technologie semble prometteuse.
Après plusieurs décennies de recul, l’énergie électrique d’origine nucléaire connaît un retour en force en Europe.
Retour en arrière
En 2022, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dénombrait 126 réacteurs en fonctionnement sur le continent, dont 56 en France, qui est depuis les années 60 le plus gros producteur européen, représentant environ 25% de l’énergie électrique produite en Europe.
Cependant, en 2011, un séisme au Japon avait causé un accident dans la centrale de Fukushima. Certains pays ont alors décidé de réduire leur parc nucléaire. Ainsi, l’Allemagne a depuis mis toutes ses centrales à l’arrêt. C’est pourquoi, aujourd’hui le nucléaire n’est présent que dans la moitié des pays.
De plus, les nombreuses campagnes médiatiques prônant le remplacement des centrales nucléaires par les énergies solaire ou éolienne avaient abouti à un défaut d’investissement dans le nucléaire. Il y a alors eu une désaffection des ingénieurs et spécialistes qui s’en sont détournés, entraînant une perte majeure de compétences.
Raisons des changements
La politique énergétique actuelle souhaite revenir au nucléaire. En effet, la guerre en Ukraine a démontré le danger de dépendre de pays étrangers pour son énergie. Mais aussi, les défaites électorales des écologistes en France ont conduit les gouvernements successifs à réhabiliter le nucléaire dans le cadre national et, surtout, à le défendre au niveau européen. Ainsi, le Parlement européen a fini par valider en 2023 le caractère écologique du nucléaire, le rendant éligible aux financements communautaires.
Parallèlement, certaines technologies nouvelles ont des effets bénéfiques. De grandes centrales «EPR1», sont remises en fonctionnement. Ainsi, la Finlande a mis en service son tout nouveau réacteur, et la France devrait pouvoir lancer cette année l’EPR de Flamanville. Un autre EPR est en construction en Angleterre, malgré de gros retards et des surcoûts très importants. Mais aussi: la Pologne a annoncé un plan de construction de centrales nucléaires, la Bulgarie, et même l’Ukraine, qui ambitionne de remplacer ses 15 réacteurs de conception soviétiques, quand la guerre sera terminée.
Tous les contrats colossaux des nouvelles centrales en Europe de l’Est ont été remportés par le constructeur américain Westinghouse, en contrepartie de la protection militaire qu’apportent les États-Unis aux pays de l’Est.
Il faudra attendre quelques années avant de savoir si ce retour du nucléaire est véritablement pérenne. En effet, le passé récent a montré que les politiques énergétiques européennes sont très instables, sujettes aux aléas des campagnes médiatiques et influencées par la corruption qu’exercent de nombreux lobbys et puissances étrangères sur les parlementaires.
Siegfried
Actuailes n°172 - 14 février 2024
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