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Agriculture: des réponses à la hauteur des enjeux?

Agriculture: des réponses à la hauteur des enjeux?

13-02-2024 à 16:11:00

Suite aux annonces du gouvernement le 1er février, les agriculteurs ont levé leurs barrages. Ils déclarent toutefois qu’ils seront de retour si leurs espoirs sont déçus, et que les paroles ne se traduisent pas en actes.  

L’agriculture française connait une grave crise, qui remet en cause la sécurité de notre alimentation. Les causes sont multiples: salaires misérables, concurrence déloyale, mais également trop de taxes, de papiers administratifs et de normes. Le gouvernement a annoncé de nombreuses mesures pour y remédier. Sont-elles à la hauteur des enjeux? 

Les annonces 

Particulièrement investi dès le début de la crise, le gouvernement a multiplié les annonces. Le Premier ministre Gabriel Attal a ainsi déclaré que «la France ne serait plus la France sans ses agriculteurs», rappelant le caractère central de l’agriculture dans notre pays. Il a toujours soutenu que leur colère était légitime et qu’il ferait son maximum pour améliorer la situation.  

Le Premier ministre a décrété une exception pour l’agriculture, qui mérite d’être plus aidée que d’autres secteurs. Il a également promis de lutter contre la concurrence déloyale en contrôlant mieux ce qui est vendu. Des aides financières sont annoncées, ainsi que des mesures de simplification administrative. Les agriculteurs vont pouvoir continuer à utiliser certains pesticides. Enfin, le gouvernement continue à travailler sur d’autres sujets importants qui prennent plus de temps.  

Suffisantes? 

Si elles ont permis de calmer temporairement la colère, ces annonces sont-elles suffisantes pour résoudre durablement la crise et enrayer le déclin de l’agriculture française? Si on peut l’espérer, des questions demeurent toutefois.  

En effet, la plupart des réponses ne sont pas dans les mains du gouvernement, mais de l’Union européenne. La France a signé des traités qui l’ont dépossédée d’une partie de sa capacité à décider par elle-même. C’est ce que l’on appelle une perte de souveraineté. De plus, les revendications agricoles viennent en contradiction des objectifs écologiques européens auxquels le gouvernement adhère pleinement. Il va falloir faire un choix, et ce n’est pas clair à ce stade. 

Enfin, si l’agriculture est une priorité actuelle, les agriculteurs se rappellent que les priorités du gouvernement changent vite, au gré des crises. Les précédents efforts étaient pour l’école, et avant l’hôpital, où les choses ont peu évolué.  

Le temps long 

La période qui s’ouvre doit désormais permettre de refaire de la France le grand pays agricole qu’il a toujours été, afin de nourrir sa population sans dépendre de l’étranger. L’État doit mieux protéger nos agriculteurs de la concurrence, même si cela contrarie l’Union européenne. Les Français devraient également réfléchir à leur façon de se nourrir. Est-il bon d’importer des fruits du bout du monde au détriment des fruits de saison produits en France? Ne vaut-il mieux pas payer un peu plus cher un légume de qualité produit localement?  

Cri de colère et appel au secours, cette crise aura permis d’attirer l’attention sur une situation inquiétante pour l’avenir de notre pays. Et, si la tension est temporairement retombée en France, ce n’est pas le cas en Espagne ou en Italie où les tracteurs bloquent encore les routes pour protester contre la politique de l’Union européenne.  

Julien Magne

Actuailes n°172 - 14 février 2024


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