Pénurie de médicaments

Une ordonnance sur cinq est aujourd’hui concernée par ce problème. Comment en est-on arrivé à cette situation catastrophiqueet dangereuse? 

Une pénurie qui dure 

Depuis 10 ans, la France connaît une pénurie de certains médicaments. Et la situation s’aggrave. Il s’agit avant tout de médicaments basiques – comme le paracétamol – et des antibiotiques. Mais certains sont vitaux, comme ceux contre les crises d’épilepsie et le cancer. Cela crée une grande angoisse chez les patients. Quant aux pharmaciens, ils perdent beaucoup de temps pour chercher les médicaments manquants auprès de leurs fournisseurs et confrères. Et, quand c’est introuvable, il leur faut rappeler le médecin pour trouver une alternative. Il en résulte une baisse de la qualité des soins, et pour certains malades une baisse de leurs chances de guérir. 

Les raisons 

La principale raison est que les usines qui produisent les matières de base pour les médicaments sont en Chine et en Inde, et non plus en France. La dernière usine qui produisait du paracétamol a fermé en 2009. En parallèle, la demande mondiale est en forte croissance, car de plus en plus d’humains ont les moyens de se soigner. Mais, surtout, il est peu attractif de vendre des médicaments en France où les prix sont bas, car réglementés par l’État. Nos commandes passent donc en dernier. Enfin, la gestion des stocks interroge, car certains industriels disposent de plusieurs mois d’avance dans leurs entrepôts, qu’ils ne mettent pas sur le marché. Pour faire monter les prix? 

Que faire? 

Face à cette crise sans précédent, le gouvernement semble décidé à réagir. Les pistes sont nombreuses. En premier lieu, il faut absolument relocaliser en France et en Europe notre production essentielle. Il s’agit d’un bien vital pour les Français qui doit être sanctuarisé sur notre sol et ne plus dépendre de l’étranger. Dans cette perspective, une usine de paracétamol devrait ouvrir à Toulouse en 2025. Mais, pour que cette production soit rentable, les prix des médicaments vont devoir augmenter. Et, comme souvent en France, il y a également des procédures administratives à assouplir.  

Pour aller plus loin 

Cette pénurie vient malheureusement accentuer la crise de la santé en France, touchée par la baisse du nombre de médecins, l’engorgement des hôpitaux et désormais les pénuries de médicaments. N’y a-t-il pas une réflexion globale à conduire sur le sujet? Quelle médecine voulons-nous en France, et comment redresser la situation? L’autre question soulevée est celle de notre autonomie nationale. Avec la mondialisation, une grande part des productions s’est délocalisée dans des pays où les salaires sont bas, comme l’Inde, la Chine ou le Vietnam. Et nous observons avec les médicaments les effets que cela peut avoir pour nous. Il en va de même pour les productions agricoles, comme l’illustre la colère actuelle des agriculteurs face à des importations qui arrivent du monde entier dans nos supermarchés. Et si elles n’arrivaient plus demain? 

Julien Magne

Actuailes n°173 - 6 mars 2024