La semaine dernière, le musée de Gênes en Italie a fait passer une visite médicale un peu particulière à «Il Canone».
«LeCanon», c’est le surnom donné au violon le plus célèbre du monde, qui a donc passé une séance d’analyse aux rayons X du synchrotron de Grenoble en France.
«Le Canon»
Fabriqué en 1743 par Guarneri del Gesù, un célèbre luthier italien de la ville de Crémone, le «Canon» était le violon favori du grand compositeur Niccolò Paganini (1782-1840); il doit son surnom à la puissance incroyable du son qu’il produisait. Ce chef-d’œuvre inestimable est conservé par le musée de Gênes. Celui-ci souhaitait mieux comprendre la fabrication et la composition des matériaux de ce violon en vue d’assurer toujours mieux sa conservation. Le musée a donc demandé à l’ESRF (Installation européenne de rayonnement synchrotron, un centre de recherche européen situé en France à Grenoble et qui produit des rayons X 10 000 milliards de fois plus brillants que ceux utilisés à l’hôpital!) de l’analyser en profondeur… mais en douceur! Ce scan permettra de construire d’ici quelques mois une image 3D du «Canon», que l’on pourra zoomer à l’échelle du micron (1 million de fois plus petit qu’un mètre) pour découvrir les secrets des grands luthiers italiens!
La découverte du violon
L’histoire musicale européenne doit en effet beaucoup au violon; issu d’instruments à cordes venus des traditions eurasiennes, persanes puis arabes, le violon a été inventé par des luthiers italiens, dans la région de Milan à l’époque des guerres d’Italie (sous François Ier). Basé sur «le frottement de la queue d’un cheval sur les boyaux d’un chat», son succès a été immédiat partout en Europe! Sa sonorité, sa portabilité et sa technicité ont en effet permis à toutes les catégories sociales et toutes les cultures d’exprimer leurs émotions, leurs traditions musicales et leur génie propres. Présent en orchestre philharmonique, en musique de chambre comme dans les fêtes populaires, les pubs et les troquets, le violon est véritablement, depuis quatre siècles, l’instrument incontournable de la musique européenne.
Les grands luthiers de Crémone
Et, si le nom Guarneri del Gesù est synonyme d’excellence en matière de violon, l’autre nom mythique du violon est, bien sûr, Antonio Stradivari (1644-1737), ce luthier italien (lui aussi natif de Crémone, décidément…) à qui l’on doit les légendaires violons Stradivarius. Fournisseur de tous les orchestres et des plus grandes cours d’Europe, il fabriqua un millier de violons dans son atelier, dont environ 600 nous sont parvenus. Si vous n’avez pas les 15 millions d’euros nécessaires pour en acheter un de temps en temps aux enchères à New York, vous pouvez en admirer quelques splendides exemplaires, issus de la collection des rois d’Espagne et exposés au Palais Royal de Madrid, et sinon, bien sûr, visiter le magnifique Museo del Violino à Crémone!
Siegfried
Actuailes n°174 - 20 mars 2024
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