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Égypte : sable à vendre

19-03-2024 à 15:22:12

L’Égypte vient d’annoncer le plus gros accord d’investissement étranger de son histoire.  

En s’en félicitant, le Premier ministre égyptien a déclaré qu’un fonds émirien injecterait 35milliards de dollars dans l’économie égyptienne. Mais pour quoi faire?  

«Terrain à vendre: 24 milliards de dollars, s’adresser au Premier ministre»  

Les Émirats arabes unis ont donc acquis des terres égyptiennes, à «Ras el Hikma», disons plutôt du sable et de la roche, à quelque 200 km à l’ouest d’Alexandrie, qui n’intéresse plus beaucoup. C’est sur cette côte méditerranéenne que l’Égypte investit, afin de transformer le désert en un chapelet de stations balnéaires, aux faux airs de Dubaï. Et quoi donc de plus naturel (et surtout de plus artificiel, vu les projets immobiliers) que de s’adresser aux Émirats arabes unis pour développer cette région? Sur plus de 170 km2, une société émirienne va construire une ville futuriste, haut de gamme, et destinée aux loisirs et aux affaires, comme ils savent faire.  

C’est en tout cas ce qu’a promis le Premier ministre égyptien, Moustafa Madbouli, depuis la nouvelle capitale égyptienne, construite en plein désert, et qui peine franchement à voir le jour. Ce qu’il n’a pas explicité, c’est que les habitants de cet emplacement seront expulsés, avec une indemnité probablement faible. C’est une pratique habituelle, surtout dans les pays aux régimes politiques durs, dont fait partie l’Égypte. 

Quand on n’a que du sable  

L’Égypte traverse une période difficile sur le plan économique. Elle qui perçoit des revenus essentiellement grâce au tourisme, au Canal de Suez et aux Égyptiens de l’étranger qui envoient de l’argent dans les banques, est frappée de plein fouet par les crises (covid, guerre en Ukraine, conflit à Gaza). Ces sources de revenus souffrent aujourd’hui et ne rapportent plus que la moitié par rapport à l’an dernier. Et l’Égypte n’a plus guère que ses terres à vendre, signe que ça ne va plus du tout.  

Pourtant, le Premier ministre a déclaré, sous les critiques, que Le Caire tirerait d’importants revenus de ce méga-investissement. Des entreprises égyptiennes seront employées pour y travailler, les touristes devraient affluer dans quelques années, et cela insufflerait un élan d’optimisme sur toute la région. Mais on a du mal à croire que cela soit pérenne, au regard des projets similaires sur les côtes de la mer Rouge, dont beaucoup sont à l’abandon.  

Ce contrat pharaonique devrait en entraîner d’autres, ce qui donnera une certaine respiration aux Égyptiens qui pourront voir un regain d’activité, touristique et industrielle notamment. Mais sur le long terme, rien n’est moins sûr… 

Abu Djubril

Actuailes n°174 - 20 mars 2024


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