Dos au mur, la cigale française devra-t-elle choisir entre déclassement ou austérité ?
Alors que les pays du Sud de l’Europe ont confirmé une bonne croissance en 2023 et prévoient sa poursuite en 2024, la France, elle, est à l’arrêt: les économistes anticipent une croissance nulle. L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a publié son diagnostic mi-mars: la France affiche un dérapage inédit du déficit public qui s’élève à 5,5% du PIB (Produit intérieur brut: valeur ajoutée créée par une économie) et sa dette publique atteint 110,6% du PIB.
Les causes de cette situation
Depuis les années covid, le gouvernement français a multiplié plans de soutien et boucliers tarifaires destinés à limiter certaines hausses. L’État-providence, ayant pris pour devise la formule devenue célèbre: «Quoi qu’il en coûte», distribue des aides publiques à tous les Français. En conséquence, les caisses sont vides. Or l’État ne peut plus emprunter, car la dette est déjà colossale et son coût est aggravé par la hausse des taux d’intérêt. L’austérité semble être l’unique chemin qui peut assainir cette situation. Ces coupes budgétaires sont-elles impossibles à mener? Notre pays pourrait s’inspirer de certains de ses voisins.
Les solutions possibles
L’écart se creuse entre la France et les pays du Sud appelés «PIGS1» il y a quelques années. Ces pays «Club-Med» (Les Échos, fév. 2024) ne sont plus le maillon faible de l’Europe. Quelles mesures ont-ils adoptées pour éviter la catastrophe économique ? Ces choix de gestion des dépenses publiques pourraient-ils inspirer les dirigeants français?
Après la crise de l’euro, mettant la Grèce en faillite, le Portugal et l’Espagne ont accepté des sacrifices douloureux et recueillent maintenant les fruits de leurs efforts: la croissance, grâce aux mesures suivantes, souvent violentes:
Réduction de la dépense publique: diminution des salaires des fonctionnaires, gel des embauches dans le secteur public, suppression de primes et autres indemnités.
Réforme du marché du travail et réduction des indemnités de chômage.
Réforme du système des retraites : baisse des pensions de retraites et recul de l’âge de départ.
Augmentation des impôts et réduction des abattements fiscaux (familles et entreprises).
Privatisation des entreprises détenues par l’État.
Une autre source d’inspiration plus lointaine pourrait être l’Argentine. Pour contrer la banqueroute qui mine son pays, son nouveau président, Javier Milei, a mis en place un plan drastique de réduction des dépenses publiques. Sur une économie six fois plus petite que la nôtre, il supprime la moitié des ministères, réduit les aides sociales de 25%, les salaires du public de 27%, les retraites de 38% et gèle quasiment la construction publique.
Chers lecteurs économistes, attachez vos ceintures: il est fort probable que nous entrions dans une zone de turbulences, douloureuse mais salutaire. À chaque Français de mobiliser son sens de la responsabilité individuelle et collective et son courage pour retrouver l’équilibre!
Hornero
Actuailes n°175 - 10 avril 2024
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