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Les écoles privées menacées?

09-04-2024 à 15:53:00

Le 20 mars, à Nantes, des professeurs du public ont bloqué l’établissement Saint-Joseph du Loquidy, empêchant les 2000 élèves de se rendre en cours.  

Ces faits très graves s’inscrivent dans une offensive plus générale contre l’enseignement privé. Mais pourquoi? 

L’enseignement privé 

En France, la liberté d’enseignement est un droit fondamental. Cela signifie que l’on peut créer des écoles privées, et chaque parent y inscrire ses enfants. L’enseignement privé regroupe 17% des élèves.  

Il existe deux sortes d’écoles privées: sous contrat et hors contrat. Les écoles hors contrat ne reçoivent aucune aide de l’État; elles peuvent choisir leurs programmes et méthodes d’apprentissages. Dans les écoles sous contrat, les professeurs sont payés par l’État. La liberté de conscience des élèves doit y être respectée, chaque élève y ayant accès sans distinction. Ces établissements sous contrat doivent suivre les programmes de l’Éducation nationale, comme les écoles publiques. Environ 96% sont catholiques. 

École en crise 

Autrefois réputée dans le monde entier, l’école française est en crise. Le niveau y baisse dangereusement et la violence mine certains établissements. Les établissements publics sont plus touchés, accueillant plus de jeunes de milieux défavorisés. Ils affichent de moins bons résultats scolaires. Dans un classement du ministère de l’Éducation nationale, basé sur les résultats du brevet 2023, aucun collège public ne figure dans les 10 premières places. Le meilleur collège de France est le collège Stanislas à Paris, qui a récemment subi de nombreuses attaques injustifiées.  

Alors, pour tenter d’améliorer la situation, les syndicats d’enseignants et les parents d’élèves du public demandent une nouvelle fois plus de moyens. Ils souhaiteraient que l’État ne finance plus l’enseignement privé. Ils critiquent le privé, qu’ils voient comme une «école de riches» qui ne fait pas assez de place aux milieux populaires. Deux députés ont récemment remis un rapport demandant plus de contrôle des écoles libres. 

De nombreuses questions  

Ces polémiques relancent la «guerre scolaire», dont le dernier épisode s’était déroulé en 1984. En effet, face à la volonté du parti socialiste de faire disparaître l’enseignement catholique, deux millions de personnes avaient alors manifesté, entraînant le retrait du gouvernement et de ses projets. Mais est-ce bien la priorité du moment de diviser les Français? Est-ce dans l’intérêt des élèves? Et, surtout, supprimer au privé ses financements serait-il utile?  

Enfin, l’école publique peine-t-elle faute de moyens? Regardons les chiffres: le budget de l’éducation est le premier de l’État, à 59 milliards d’euros. Et il est en hausse de 6,5% cette année. De plus, un élève du privé coûte deux fois moins cher qu’un élève du public. L’État n’est donc pas perdant de ce point de ce côté… 

Ainsi, les moyens ne sont donc peut-être pas en cause, mais n’évitent-ils pas une remise en question sur d’autres sujets comme la discipline, les programmes ou encore les méthodes? C’est d’ailleurs sûrement en raison de ces problèmes non résolus que 75% des Français considèrent que l’école privée est meilleure que le public. 

Nul doute que l’école privée survivra à cette nouvelle tempête. C’est dans l’intérêt des enfants qu’elle scolarise, et qu’elle scolarisera demain.  

Julien Magne

Actuailes n°175 - 10 avril 2024


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