Le Linceul de Turin est une pièce de lin de 4,36 m de longueur et de 1,10 m de largeur. Il est actuellement conservé dans la cathédrale de Turin.
C’est la relique la plus célèbre du monde; elle est vénérée comme ayant enveloppé le corps de Jésus-Christ à sa descente de croix. Alors que tous les catholiques vivent dans la joie de l’octave de Pâques qui célèbre le grand mystère de la résurrection, plongeons ensemble dans l’enquête dont ce Linceul – appelé également le Saint-Suaire – a fait l’objet!
Un tissu d’indices
Chez les Juifs, à l’époque du Christ, on se servait de ce genre de drap pour ensevelir les morts, car il n’y avait pas de cercueil. À l’œil nu, on ne voit pas grand-chose: une toile de lin comportant une roussissure artificielle provenant d’une oxydation de la cellulose de lin. On observe des marques faites par le feu, lors d’un incendie survenu en 1532 à Chambéry où se trouvait alors la relique. On voit des pièces de tissu ajoutées ensuite pour raccommoder le Linceul.
En dehors de ces taches, que révèle un examen plus approfondi? D’abord l’empreinte claire et précise formée par un corps. Cette empreinte ne traverse pas le tissu. On voit aussi des détails ressemblant à des traces de sang. Les scientifiques ont prouvé qu’il s’agit de sang humain.
L’empreinte du Linceul nous montre un corps d’homme les deux mains croisées sur le devant, la gauche qui recouvre presque la droite, perforée à la jonction du poignet et de la main.
Les souffrances subies par le supplicié ont laissé sur le Linceul des traces si nettes qu’on peut pratiquement lire sur le tissu le récit de la passion de Jésus tel qu’il est rapporté par les évangélistes. C’est en ce sens que l’on appelle parfois le Saint-Suaire «le cinquième évangile».
Un homme au visage majestueux, âgé de trente à trente-cinq ans; un couronnement d’épines; une flagellation romaine; le portement de la croix; une crucifixion; un coup post-mortem au cœur par une lance, du sang et de l’eau; les os des jambes non brisés; un linceul blanc de prix; un corps resté moins de trois jours (aucune trace de putréfaction) dans le suaire et le corps de l’homme du Linceul non lavé. Sans oublier le caractère tout à fait singulier de l’action historique qui y apparaît. Notamment la multiplication des supplices, en crescendo, que la loi interdisait, mais qui traduit bien les hésitations de Pilate. Tout concorde.
Une énigme pour la science
Le mécanisme de formation de l’image sur le Linceul reste inexpliqué.
On comprend facilement la présence des taches de sang. Mais l’empreinte du corps? Est-ce une peinture? C’est absolument impossible, car rien n’a imprégné le tissu: aucune matière n’a été déposée là où apparaît l’empreinte. Il n’y a aucune trace de pigment, selon les résultats d’une enquête scientifique rendus publics lors du symposium de New-London, le 9 octobre 1981. L’image n’est pas non plus formée de sueur, des aromates utilisés pour l’embaumement, ni d’un début de décomposition du corps. L’analyse microchimique l’aurait révélé.
L’image résulte d’une oxydation du tissu. Cette oxydation extrêmement superficielle semble certainement due à un phénomène thermique, produisant une sorte de légère brûlure.
C’est en 1898 que fut prise la première photo du Linceul. Ce fut une révélation: on s’aperçut que l’empreinte du corps était l’équivalent d’un négatif photographique, mais tri-dimensionnel. Cela ne correspond à aucune technique connue, que ce soit au Moyen Âge ou à notre époque.
La luminosité nécessaire à former l’image est directe, sans réflexion ni réfraction. Donc le rayonnement responsable de la roussissure (et de l’image) n’a pu provenir que du corps lui-même.
Un lien possible avec la résurrection?
Survient ici une difficulté particulière: comment le Linceul et le corps ont-ils pu être séparés l’un de l’autre? Il n’y a que deux sorties possibles pour un cadavre:
– la putréfaction; mais ici le processus de putréfaction aurait détruit l’image, et les expertises auraient trouvé des cristaux de putréfaction.
– l’enlèvement; mais l’arrachement du corps aurait laissé des traces sur le tissu, ce qui n’est pas le cas. La science confirme que les évangiles n’ont pas menti sur ce point.
Les choses se passent comme si le corps s’était volatilisé avant que la putréfaction n’intervienne. En respectant les données actuelles de la science, le croyant peut proposer ici une hypothèse: le corps de Jésus, en devenant glorieux à l’instant de la résurrection, aurait irradié le Linceul, y laissant sa mystérieuse image… avant de le traverser, et de sortir du tombeau.
En tout cas, ce phénomène scientifiquement inexpliqué offre un indice fort que le Linceul est une relique authentique de la passion de Jésus-Christ.
Cela dit, l’authenticité de cette relique n’est pas nécessaire à la foi des catholiques: elle n’est pas un pilier indispensable du dogme. Ce linceul est comme un cadeau offert à leur contemplation, dans la foi, pour méditer sur l’Amour dont Jésus a aimé l’humanité.
Le savais-tu?
En 1988, trois laboratoires (Oxford, Zürich et Tucson) ont effectué une datation au carbone 14, sous la coordination du British Museum, affirmant avec force que le Linceul de Turin était un faux du Moyen Âge, daté entre 1260 et 1390. Après deux ans d’enquête, il a pu être prouvé qu’il s’agissait d’une mystification, qu’il y avait eu substitution d’échantillons et que les protocoles très rigoureux n’avaient pas été respectés; le Saint-Suaire peut être daté entre 11 et 64.
Fr. Antoine-Marie de Araujo
Actuailes n°175 - 10 avril 2024
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