Alors que la flamme olympique est arrivée à Marseille la semaine dernière, interrogeons-nous cette semaine sur la place prise par l’Afrique dans l’histoire des Jeux olympiques (JO).
Cette épreuve n’a jamais été organisée sur le continent africain depuis sa création en 1896 par Pierre de Coubertin, mais l’Afrique rayonne pourtant régulièrement avec près de 400 médailles récoltées en un siècle (35 en moyenne par olympiade depuis 2000).
Les prémices de la participation africaine
La participation africaine aux JO prend ses racines en 1904 lorsque deux athlètes sud-africains participent au marathon, dont l’un, pieds nus, termine 9e. Si des athlètes africains ont couramment participé aux Jeux sous l’ère coloniale, c’est surtout la vague d’indépendance après la Deuxième Guerre mondiale qui permet au continent d’être présent plus massivement. L’Afrique a dès lors misé sur le sport pour exister là où elle ne pesait pas politiquement ou économiquement.
Les JO comme tribune politique
En 1976, certains pays africains boycottèrent les JO de Montréal pour protester contre la participation de la Nouvelle-Zélande, qui avait envoyé une équipe de rugby en Afrique du Sud durant l’apartheid1. Durant la guerre froide, certains pays, proches des États-Unis, s’opposèrent en 1980 aux JO de Moscou et, en retour, d’autres refusèrent en 1984 ceux de Los Angeles. En 1988 enfin, certains pays boycottèrent les JO de Séoul en soutien à la Corée du Nord. À noter qu’en 2008, alors que l’Occident s’interrogeait sur sa participation aux JO de Pékin, aucun pays africain ne s’est questionné…
Des grandes figures des JO
Beaucoup de grands champions africains ont marqué l’histoire des Jeux, souvent éthiopiens ou kenyans et presque exclusivement sur des épreuves de fond qu’ils affectionnent. Parmi les grandes figures à retenir, citons Abebe Bikila, Éthiopien qui remporte en 1960 le marathon des JO de Rome en courant… pieds nus. En 1968, le Kenyan Kipchoge Keino, en plus d’être malade, est retenu dans des bouchons et doit parcourir les 3 kms qui le séparent du stade en courant… Il arrive tout essoufflé à quelques secondes du top départ d’un 1500m qu’il remporte malgré tout. Enfin, dans un autre registre, l’Équato-Guinéen Éric Moussambani –surnommé l’anguille – est devenu célèbre en réalisant en 2000 à Sydney le 100m nage libre le plus lent de l’histoire des Jeux (1’52).
Et les JO d’hiver?
Notons que, sans surprise, l’Afrique a obtenu l’intégralité de ses médailles lors des Jeux d’été. Rien de très surprenant pour un continent où la température annuelle moyenne est de 26 degrés et où la neige est quasi inexistante. Un remake du célèbre film Rasta Rockett n’est donc pas à l’ordre du jour, mais cette participation contribue à l’objectif d’universalité prôné par les vertus de l’olympisme.
L’Afrique accueillera-t-elle un jour les JO? Les conditions climatiques, sanitaires et d’infrastructures n’encouragent pas à l’optimisme. Après quelques candidatures malheureuses (l’Afrique du Sud avait postulé en 1996, mais n’avait pas été retenue), l’Égypte postule désormais pour 2036. À suivre dans le numéro 350 d’Actuailes environ…
Actuailes n°176 - 15 mai 2024
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