La reconnaissance progressive de la Chine

Les 6 et 7 mai, le président chinois Xi Jinping s’est rendu à Paris pour une visite officielle.  

Cette visite intervient l’année du 60ème anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre la France et la Chine.  

Pourquoi est-ce important?  

Pour comprendre, remontons dans le temps. À la fin des années 1920, la Chine était en guerre civile entre les nationalistes de Chang Kaï-chek et les communistes de Mao Zedong. Quand les communistes ont gagné en 1949, les nationalistes ont dû partir pour Taïwan. Les deux camps se sont toujours revendiqués comme étant la seule et unique Chine. À l’époque, la plupart des pays ne reconnaissaient que la république de Chine nationaliste (RDC) située à Taïwan et non la république populaire de Chine (RPC) communiste située sur le continent.  

Dans les années 1960, tout change. D’abord, dans le contexte de la guerre froide entre les États-Unis et la Russie, le président français Charles de Gaulle cherche, comme la Chine, à définir une voie plus indépendante. C’est à cette époque, par exemple, que la Chine et la France développent chacune de son côté une dissuasion nucléaire indépendante.  

De plus, la relation entre les deux plus grands pays communistes, la Russie et la Chine, se dégrade. Les deux pays ne sont pas d’accord sur la direction du mouvement communiste international et se disputent également au sujet de leur frontière commune. La Chine cherche donc d’autres alliances pour exister. C’est ainsi que la France établit des relations diplomatiques avec la RPC en 1964. Gros changement, car beaucoup d’autres pays occidentaux ne l’avaient pas encore fait. 

Années 1970: le tournant 

Le tournant majeur viendra quelques années plus tard, au début des années 1970, lorsqu’un vote de l’ONU est adopté pour que la Chine communiste remplace Taïwan en tant que membre permanent au conseil de sécurité. La Chine devient donc un des cinq pays qui a le plus de pouvoir dans cette institution, qui regroupe presque tous les pays du monde.  

Cette évolution accélère encore lorsque le président américain de l’époque, Richard Nixon, se rend en Chine en 1972. L’idée du président américain est notamment de créer un rapprochement qui gêne l’URSS, alors fâchée avec la Chine. 

Aujourd’hui, le nombre de pays qui reconnaissent Taïwan a considérablement baissé. Ils ne sont plus que 12 pays pour dire que la Chine est uniquement représentée par Taïwan. La plupart sont de petits États de l’océan Pacifique ou des Caraïbes.  

Malgré la reconnaissance de la république populaire de Chine comme étant l’unique représentant de la Chine, beaucoup de pays maintiennent une relation avec Taïwan. Ainsi, il existe à Paris un «bureau de représentation de Taïpei (capitale de Taïwan)» qui permet d’entretenir des relations diplomatiques, même si ce bureau n’a pas officiellement le statut d’ambassade. Cela n’a pas empêché non plus la France de vendre des navires de guerre à Taïwan il y a quelques années, à la plus grande colère de la Chine. 

Le savais-tu? 

Le Vatican est le dernier État d’Europe à reconnaître Taïwan, même s’il a essayé ces dernières années de se rapprocher du gouvernement chinois pour tenter d’améliorer la situation des Églises locales.  

Actuailes n°176 - 15 juin 2024