Mon cher André,
Peut-être as-tu entendu parler du paludisme, maladie aussi connue sous son nom anglais de «malaria», ou d’autres maladies tropicales contre lesquelles il faut se faire vacciner avant d’aller dans certaines régions du monde. Mais sais-tu que la découverte de la cause de ces maladies est encore récente ?
Prenons l’exemple du paludisme, qui provoque de fortes fièvres à répétition détériorant l’état général et les organes du patient, et pouvant provoquer sa mort. Au XVIIIe siècle, on pense que cette maladie est transmise par les mouches. On la soigne avec de la quinine, poudre d’écorce de quinquina (arbuste qui pousse dans la Cordillère des Andes). À la fin du XIXesiècle, si l’on a compris que cette maladie se transmet par les piqûres de moustique et non plus par les mouches, on ne sait pas encore exactement ce qui la provoque et comment la soigner.
C’est dans les années 1880 qu’Alphonse Laveran, médecin militaire alors en poste en Algérie, découvre que cette maladie est causée par un parasite du moustique. À partir de ses travaux, et de ceux menés par d’autres savants après lui, un traitement contre cette maladie a pu être développé au cours du XXe siècle.
Alphonse Laveran quitte l’armée en 1896 pour continuer ses recherches. Pendant la Grande Guerre, il participe à l’effort de guerre en prenant part à des commissions qui cherchent à améliorer l’état sanitaire des troupes. Né en 1845, ce savant a alors près de 70 ans.
Même si Laveran n’est aujourd’hui pas très connu, ses travaux ont été très importants pour la santé publique. En effet, si le paludisme est essentiellement une maladie tropicale, on en trouve en réalité des traces dans de nombreuses régions du monde, puisqu’elle se répand par les moustiques: pendant longtemps elle sévissait à Rome tous les étés, poussant les puissants de cette ville, les empereurs romains comme les papes plus tard, à déserter la «Ville éternelle» pour se réfugier en bord de mer. Mais je m’éloigne un peu de mon sujet…
L’importance des découvertes de Laveran a été reconnue par ses pairs, qui l’ont nommé membre de l’Académie nationale de médecine, et l’ont élu à l’Académie des sciences en 1901. Surtout, en 1907 il a reçu le prix Nobel de physiologie ou médecine, «en reconnaissance de son travail sur le rôle joué par le protozoaire dans la cause des maladies».
Le 18 mai 1822, Alphonse Laveran meurt à presque 80 ans, après plus d’un an d’une maladie qui a peu à peu diminué ses forces.
Voilà, mon petit André, quelques lignes sur un grand savant peu connu, alors que ses travaux ont permis à la science d’importantes avancées qui sauvent des vies.
Je t’embrasse,
Tante Cécile
Actuailes n°176 - 15 mai 2024
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