La semaine dernière, l’opérateur de satellites luxembourgeois SES (Société Européenne des Satellites) a annoncé le rachat de son concurrent américano-luxembourgeois Intelsat.
Fondée en 1985 suite à une initiative visionnaire du gouvernement luxembourgeois de l’époque et des grandes banques du pays, SES, Société Européenne des Satellites, est devenue en quelques décennies le leader mondial des communications par satellite, exploitant aujourd’hui 70 satellites sur deux orbites différentes. Le gouvernement luxembourgeois reste toujours son premier actionnaire, ce qui lui assure le contrôle de cette entreprise très stratégique.
Les autres grands opérateurs mondiaux de satellites sont principalement nord-américains (Hughes, ST Engineering, Telesat et Comtech) mais aussi français (Eutelsat). Tous travaillent sur le même type de modèle, que l’on peut résumer ainsi: ils font fabriquer des satellites de grande taille, qu’ils envoient dans l’espace en orbite haute ou moyenne pour y relayer des signaux terrestres, signaux qui sont contrôlés depuis des stations terrestres.
Les fabricants de satellites sont souvent des géants comme Boeing ou Airbus, tandis que les entreprises capables d’envoyer les satellites dans l’espace, appelés «lanceurs» sont les américains SpaceX (d’Elon Musk), Boeing et Lockheed Martin, l’européenne Ariane, le russe Soyouz ainsi que les lanceurs japonais, indiens et chinois.
À quoi servent ces signaux qui transitent par les satellites ?
Finalement, nous les utilisons tous les jours: pour les télécoms, pour la TV par satellite (ces fameuses paraboles qu’on voit sur les toits ou les balcons), pour la géolocalisation des bateaux en mer ou des machines opérant dans des zones immenses (jungle, désert, etc.), pour avoir Internet, lorsqu’on prend l’avion, et enfin, pour les gouvernements et les armées qui souhaitent des communications très sécurisées.
GEO, MEO, LEO: késako?
Traditionnellement, les opérateurs utilisent de gros satellites, placés très haut dans l’espace. On parle des satellites GEO, géostationnaires, à 36000kms de la terre (qui suivent sa rotation et sont donc fixes par rapport à nous) et des MEO – pour middle earth orbit – qui, eux, tournent autour de la Terre à une altitude entre 5 et 20000 kms.
Or le secteur vit actuellement une double transformation majeure: d’une part, la demande est en forte hausse, à cause de la guerre en Ukraine et de la demande digitale au sein des avions. D’autre part, de nouveaux opérateurs américains tentent de bouleverser le marché avec un nouveau concept: les constellations de micro-satellites, qu’on lance par milliers sur des orbites beaucoup plus basses, OTB1 (orbite Terre basse: de 500 à 1000 km) pour couvrir la Terre de connexions Internet.
Ces opérateurs sont Starlink (d’Elon Musk, encore lui) et ses quelques 5000 microsatellites, Amazon qui en compte 3000 et Oneweb qui en opère déjà 600. Aucune de ces entreprises n’est rentable et ne le sera probablement pas avant de nombreuses années, à la différence de SES (un des rares opérateurs rentables, qui distribue des dividendes à ses actionnaires).
Mais justement, on n’est jamais trop prudent; grâce à sa fusion avec Intelsat, SES espère effectuer de sérieuses économies et pouvoir offrir plus de services à ses clients, pour essayer de résister à la concurrence des giga-constellations américaines. Alors levez les yeux; la vraie guerre des étoiles va commencer!
Siegfried
Actuailes n°176 - 15 mai 2024
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