En Occident, on a tendance à penser l’Afrique comme le continent de la fatalité, des ethnies complexes et des vieillards sous le baobab, ayant vécu en marge jusqu’au moment de sa colonisation à partir du XVIe siècle.
Nicolas Sarkozy, en 2007, à Dakar, exhortait l’Afrique à «entrer dans l’histoire»; cela illustre la pensée majoritaire. Pourtant, on trouve dès le VIIIe siècle des traces de connexions avec le monde d’une société qui s’adapte.
Pratiques mondialisées et vrai dynamisme
Entre le VIIIe et le XVe siècles, un certain nombre de régions du continent sont en forte connexion avec le reste du monde: un grand arc qui va du Sahel jusqu’au Nil, et de la Corne de l’Afrique jusqu’à l’Afrique du Sud. Au VIIe siècle, alors que l’islam monte en puissance, des marchands musulmans se connectent aux pouvoirs africains. Au XVe siècle arrivent les Portugais, prémices de l’irruption des pouvoirs européens.
Face à cela, les sociétés africaines ont su se transformer et jouer leur partition: on leur achète de l’or, de l’ambre gris et des esclaves, tandis qu’ils importent de la vaisselle (cuivre, porcelaine) et des étoffes de luxe.
Des vestiges nombreux
L’Afrique est dès lors un peu la province d’un Moyen Âge global, aux côtés de l’Europe latine et chrétienne et du monde musulman. De grands royaumes symbolisent l’«âge d’or» de l’Afrique: Ghana, Mali ou encore Nubie. De nombreuses traces prouvent l’existence d’une Afrique qui vit avec son temps: églises de Lalibela, «ruines de sel» du Mali ou ruines du Grand Zimbabwe.
Mais le plus étonnant est la grande plasticité des sociétés, se transformant tantôt en royaumes, tantôt en chefferies traditionnelles avant de finir en villages. Ainsi, les Peuls ou les Masaïs ont fait le choix de miser sur une activité entièrement pastorale et d’être nomades.
Pourquoi aucune trace de cette histoire?
Si beaucoup de systèmes d’écriture ont été inventés ou adaptés, leur usage a été très restreint. Àl’exception de l’Éthiopie, avec des milliers de manuscrits chrétiens, les Africains ont fait le choix de la tradition orale. L’écrit représente le pouvoir et la propriété, sur un continent où le rapport à la terre et à l’ordre n’est pas le même. La tradition orale s’est donc imposée, et expliquerait en partie cette transmission défaillante. L’impact de l’esclavage y est aussi pour beaucoup, en ayant fait table rase du passé.
Aujourd’hui encore, l’idée reçue selon laquelle l’Afrique n’a pas d’histoire reste profondément ancrée. L’Afrique a au contraire joui d’une grande renommée médiévale, de l’Europe à la Chine. L’essor des classes moyennes africaines, l’accès accru au savoir et à l’éducation, et une prise de conscience patrimoniale devraient permettre d’accélérer le processus d’entrée dans l’histoire du continent. Et n’oublions pas que Lucy, notre plus vieille ancêtre (3,2 millions d’années), a été découverte en Éthiopie…
Le savais tu?
Le 25 mai marque chaque année la célébration de la journée de l’Afrique, date de la fondation en 1963 de l’Organisation de l’Unité Africaine, devenue en 2002 Union Africaine (UA). Symbole du combat de tout le continent pour son développement et son progrès économique, elle est chaque année l’occasion d’une prise de parole des grands leaders. Le thème retenu pour 2024 était l’éducation.
Guillaume
Actuailes n°177 - 29 mai 2024
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