Ma chère Alice,
Sais-tu que le 30 mai 1640 est mort le «Prince de la peinture»? C’est le titre donné à l’artiste Pierre-Paul Rubens, un très grand peintre du début du XVIIe siècle.
Rubens est né en 1577, à Siegen, en Allemagne, où son père, protestant, s’est réfugié pour fuir une persécution religieuse. Mais la famille se convertit ensuite au catholicisme et retourne donc à Anvers.
C’est chez sa marraine que le jeune Rubens commence à copier des tableaux, abandonnant ses études de droit. Il est ensuite placé en apprentissage chez différents peintres d’Anvers puis il devient maître dans la guilde1 de Saint-Luc en 1598. Ses anciens maîtres lui conseillent alors d’aller se former en Italie et il y découvre, lors d’un séjour de huit ans, les grands peintres italiens de la Renaissance et les pionniers du baroque2: Le Caravage (qui a peint des tableaux pour l’église Saint-Louis des Français de Rome), Carrache…
Il ne se contente pas d’étudier les grands maîtres et de copier leurs œuvres, mais il conseille aussi son protecteur, le duc de Mantoue, quant aux œuvres à acheter et effectue déjà ses premiers voyages diplomatiques.
Il retourne à Anvers en 1608 et ouvre son propre atelier, où il met en pratique les techniques étudiées en Italie. Fervent catholique et homme généreux, il exprime à travers ses œuvres un hymne à la vie et au Créateur. Toute l’Europe lui commande des tableaux et il forme dans son atelier de nombreux élèves, comme le célèbre Anton Van Dick ou Jacob Jordaens. Il mène aussi de nombreuses missions diplomatiques, auprès de différents souverains d’Europe, ce qui lui vaut d’être anobli par le roi d’Angleterre Charles Ier. Il compose aussi pour la reine de France Marie de Médicis une série de vingt-quatre tableaux à sa gloire, exposés aujourd’hui au Louvre.
Une de ses œuvres la plus connue s’intitule Sous la tonnelle de chèvrefeuille. Peinte en 1609 pour célébrer son mariage, elle représente le peintre avec son épouse Isabella Brant.
À sa mort, âgé de soixante-sept ans, Rubens laisse une œuvre abondante et diverse qui fait de lui le plus grand représentant du style baroque flamand. Son art privilégie l’importance de la couleur sur la précision du dessin.
Comprends-tu à présent, ma chère Alice, pourquoi il a mérité son titre de «Prince de la peinture»? Actif pendant quarante ans, cet homme complet a laissé plus de 2500 compositions, dessins, gravures, toiles… tout en dirigeant un vaste atelier et en effectuant de nombreux voyages diplomatiques pour les princes de son temps.
J’espère que tu auras un jour l’occasion de voir, à Paris ou dans un autre musée d’Europe, quelques-unes des toiles de ce grand artiste.
Avec toute mon affection,
Tante Astrid.
Actuailes n°177 - 29 mai 2024
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