Volonté d’Emmanuel Macron, le projet de loi sur l’euthanasie est arrivé au Parlement. Les enjeux sont immenses pour notre société.
De quoi parle-t-on? Cette loi vise à autoriser l’aide à mourir, qui est aujourd’hui considérée comme un meurtre. Il s’agirait de fournir à une personne qui le demande une substance mortelle, un poison, pour qu’elle se l’administre elle-même. Cela s’appelle un suicide assisté. Si le malade en est incapable, la mort serait donnée par un médecin, un infirmier ou un proche. Cela s’appelle une euthanasie. Les conditions requises sont: être majeur, Français, capable d’exprimer sa volonté et présenter un mal incurable aux souffrances insupportables.
Les débats vont débuter sur les bases citées. Alors que le gouvernement s’était initialement engagé à ce que seuls les malades proches d’une mort certaine soient concernés, ce n’est désormais plus le cas, changeant radicalement l’esprit du projet.
Les partisans
Les partisans de l’euthanasie font valoir que cette loi serait plébiscitée par les Français. Pour eux, il s’agit d’une liberté fondamentale pour chacun de choisir sa mort comme il le souhaite, sans interférence de la religion, la morale, la loi ou la médecine. Il s’agirait de garantir une dignité que la souffrance menace, et de l’«ultime liberté» de disposer de son corps. L’euthanasie est autorisée en Belgique, en Suisse et en Hollande, donc pourquoi la refuser en France?
Les opposants
Les opposants répondent que la souffrance peut être soulagée dans les unités de soins palliatifs et souhaiteraient le développement de celles-ci. Ils craignent qu’en faisant sauter un interdit immémorial – «Tu ne tueras point» – cela risque de dépasser largement le premier cadre fixé. C’est le cas en Belgique où l’exceptionnel est devenu banal, chaque citoyen «fatigué de vivre» pouvant accéder à l’euthanasie. Pour les opposants, l’euthanasie est contradictoire avec le serment d’Hippocrate que prêtent les médecins: «Je ne provoquerai jamais la mort délibérément», selon la version française de 2012. La version originale (il y a 2500 ans) du célèbre médecin grec est encore plus claire: «Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion.»
Enfin, pour les catholiques, le Catéchisme est très clair, l’euthanasie étant considérée comme un meurtre, quels qu’en soient le motif et la forme.
Pour aller plus loin
L’examen de cette loi n’en est qu’à ses débuts et les débats devraient s’achever en 2025. Cela nous offre l’opportunité de nous interroger sur l’importance que nous accordons à la vie humaine. Toute vie vaut-elle la peine d’être vécue? Les plus fragiles doivent-ils être mieux protégés dans notre société? Où s’arrête la liberté? Ces débats philosophiques, moraux et religieux sont anciens, mais ils prennent un nouveau relief avec cette loi. Leur résultat façonnera grandement la société des prochaines années, comme l’ont parfaitement compris les plus farouches partisans et opposants de l’euthanasie.
Julien Magne
Actuailes n°177- 29 mai 2024
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