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L’Iran a-t-il perdu sa tête avec la mort du président ?

28-05-2024 à 16:44:14

Le 19 mai, Ebrahim Raïssi, le président iranien et, notamment, son ministre des affaires étrangères, sont morts dans le crash de leur hélicoptère, près de la frontière avec l’Azerbaïdjan.  

L’Iran a décrété un deuil national de cinq jours et les condoléances ont afflué de nombreux pays pour la disparition de ce chef d’État. Mais le pays perd-il vraiment son chef? 

Qui commande? 

En république islamique d’Iran, le président est élu. Mais il a beau être à la tête de l’État, ce n’est pas lui qui décide, mais le guide suprême de la Révolution islamique, Ali Khamenei. Cette personnalité religieuse a, en effet, un pouvoir intérieur incontestable, puisqu’il qu’il «guide» les croyants (dans l’islam chiite pratiqué en Iran). Il a d’ailleurs été lui-même président de l’Iran entre 1981 et 1989. Il a également un large réseau régional et, on l’a vu dernièrement, des relais parfois armés, comme le Hezbollah au Liban. Mais il avait surtout une emprise intellectuelle sur le président Raïssi, qui lui restait fidèle.  

En fait, si l’État est bel et bien dirigé par un président, la nation, c’est-à-dire la communauté tout entière qui vit en Iran, se construit plutôt autour de la figure du «guide suprême». Il est ce que l’on pourrait appeler un «chef de la nation». Ce fonctionnement affaiblit de fait le pouvoir du président et renforce dans le même temps celui du chef religieux, qui endosse un rôle politique. Ali Khamenei représente donc une sorte de continuité, dont le peuple semble avoir besoin.  

Que va-t-il se passer ? 

La disparition de la tête de l’État ne remettra probablement pas en cause son fonctionnement ni sa position. Une petite frange de la population pleure son président, mais une majeure partie paraît s’en féliciter, tout en dénonçant un climat social délétère (sur fond de contestation avec le mouvement récent «femmes, vie, liberté» qui incitait les femmes à ôter leur voile). Quoi qu’il en soit, en attendant de nouvelles élections le 28 juin, le vice-président occupe le poste de président par intérim.  

Car, sur la scène intérieure comme à l’international, c’est bien le guide suprême qui mène la politique. C’est lui qui dirige notamment le très puissant corps des gardiens de la révolution islamique (les Pasdaran)1, fondé en 1979 et chargé de protéger le système en entier. Autant dire que rien ne change sans leur accord ni, donc, celui de leur chef. En fait, tant que l’ayatollah («signe de Dieu» en arabe) Khamenei, âgé de 85 ans, sera au pouvoir, l’Iran ne devrait pas fondamentalement évoluer. La vraie question est: que va-t-il se passer après Khamenei? 

Abu Jibril  

Actuailes n°177 - 29 mai 2024


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