Alors que France et USA célèbrent les 80 ans du D-Day, la vie trépidante de Jack Hasey rappelle que des Américains n’ont pas attendu le 6 juin pour exposer leur vie.
Jack naît dans le Massachusetts en 1916 et tombe amoureux de la France dès 11 ans. Adulte, le joaillier Cartier l’embauche; il excelle alors jusqu’à vendre ses bijoux à des célébrités (Marlène Dietrich, la duchesse de Windsor).
Observant les nuages de la guerre s’amonceler, Jack veut servir. Refoulé de la Légion étrangère pour cause de neutralité américaine, Jack fonde le groupe non combattant d’ambulances baptisé Iroquois qui le conduit en Finlande, attaquée en 1940 par l’URSS. Jack y perd des orteils par –50° puis est blessé lors d’un bombardement. Rapatrié aux USA, ses tournées de levées de fonds au profit des blessés lui font côtoyer Eleanor Roosevelt (épouse du président) qu’il marquera à jamais.
Un légionnaire
L’attaque allemande en 1940 précipite son retour en France et sa rencontre avec Charles de Gaulle le 9 août déclenche un désir ardent: rejoindre l’armée de la France libre. Cette fois-ci accepté1, l’aventure continue: Jack navigue de Liverpool à Dakar où le combat contre les Français fidèles au gouvernement de Vichy est un échec. Il conduit les légionnaires à rembarquer pour le Gabon qu’ils rattachent à la France libre par leur victoire. C’est alors le Soudan, puis l’Érythrée, où il capture successivement 400 Italiens. Il poursuit vers la Syrie, où les combats pour conquérir les ressources pétrolières de l’Axe sont d’une violence rare: une rafale fauche Jack et le défigure. Opéré d’urgence et intubé afin de respirer et se nourrir, il est décoré successivement de deux croix de guerre puis de l’ordre de la Libération pour sa bravoure inouïe. Évacué aux USA, un pionnier de la chirurgie plastique parvient à reconstruire son visage. Remis sur pied et impatient, il retourne en France (août 1943) et facilite les relations entre le général français Koenig (qui a la délicate mission de regrouper tous les résistants français) et le général Eisenhower, chef des alliés; il est le premier Américain à entrer dans Paris!
Quittant la Légion en 1945, il aide le général de Gaulle à rédiger ses mémoires. Jack rejoint la CIA2 en 1950 où il sert jusqu’en 1974 dans 17 pays pour des aventures qui restent… TOP SECRET! Il meurt le 9 mai, à Arlington, en Virginie, à l’âge de 88 ans. Sur sa tombe, une sobre épitaphe: «Captain – French Foreign Legion».
Le savais-tu ?
L’ordre de la Libération fut créé par le général de Gaulle pour récompenser ceux qui se sont illustrés dans «l’œuvre de libération de la France et de son Empire». Seuls 1 038 Compagnons de la Libération en font partie, dont 4 Américains. C’est le second ordre national français après celui de la Légion d’honneur.
Autre cadre mis par l’auteur, je ne sais pas si cela est nécessaire. Supprimer si l’article est trop long.
Monsieur Blazich*, que représente Jack pour vous ?
« Il incarne l’aventure, le patriotisme et l’engagement au service de liberté jusqu’à verser son sang. Sa vie est un voyage fascinant. Il y a tiré le meilleur parti de son éducation et de ses talents, fédérés par une invincible volonté, pour atteindre des sommets incroyables.»
* Conservateur au National Museum of American History, Washington DC.
oncle Tom
Actuailes n°177 - 29 mai 2024
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter