Alors que les regards sont braqués ce 6 juin sur les 80 ans du débarquement de Normandie, un autre débarquement des forces alliées, celui de Provence, le 15 août 1944, a joué un rôle dans la libération du pays.
Une grande partie des soldats de cette opération étaient des Africains. Retour sur le rôle des tirailleurs sénégalais, algériens, tabors marocains, ces hommes des bataillons d’Afrique libérateurs de la France.
Gros contingent en Afrique du Nord
Fin 1944, les deux tiers des hommes de l’armée française viennent de cette région du globe. Ces soldats africains intègrent une armée française en train d'être reconstituée dans l’Afrique coloniale française après le débarquement des troupes américaines en novembre 1942 en Algérie et au Maroc. Les Forces françaises libres (FFL), qui comptent dans leur rang un fort pourcentage de soldats de l’empire colonial, essentiellement d’Afrique noire, fusionnent avec l’Armée d'Afrique (en Algérie, en Tunisie et au Maroc), restée jusque-là fidèle à Vichy. S’y ajoutent des évadés de France.
Dirigée par le général de Lattre de Tassigny sous le nom d’armée B (avant de devenir la Ière armée), elle est composée de cinq divisions d’infanterie et de deux divisions blindées, équipées par les Américains à partir du printemps 1943. C’est «une armée profondément originale comme la France n’en a jamais connue, qui compte moitié d’Européens et moitié de musulmans et de coloniaux.» Fin 1944, elle compte près de 600000 hommes, dont deux tiers venus d’Afrique du Nord, parmi lesquels 176000 «Européens» et 233000 «musulmans», selon la dénomination de l’époque.
Un rôle déterminant
Après que certaines de ses unités se sont illustrées pendant la campagne d’Italie, l’armée B joue un rôle essentiel lors du débarquement en Provence. Alors que seuls quelques hommes du commando Kieffer étaient engagés au côté des troupes américaines, britanniques et canadiennes lors du débarquement en Normandie, elle est la première à participer, sous les couleurs françaises, à une opération d’envergure menée par les Alliés.
Le 15 août, les forces alliées se lancent donc à l’assaut des défenses ennemies (250000 Allemands de la XIXe armée). La majorité des soldats qui participent à la libération de la Provence sous les couleurs de la France foulent la terre de la métropole pour la première fois.
Avec plusieurs jours d’avance sur le calendrier prévu, ils libèrent Toulon le 27 août, et Marseille le lendemain, avant de remonter la vallée du Rhône et de faire la jonction avec la 2ème Division blindée venue de Normandie. Ils remonteront vers l’Alsace et les Vosges où ils devront faire face à l’une des dernières grandes offensives allemandes contre les troupes alliées, en janvier 1945.
55 000 soldats africains morts au combat
«Sans son empire, la France ne serait qu’un pays libéré. Grâce à son empire, la France est un pays vainqueur», lance le député de Guyane Gaston Monnerville au lendemain de la victoire contre l’Allemagne. Les troupes coloniales de l’empire français ont payé un lourd tribut: de 1940 à 1945, 55000 soldats tunisiens, marocains, algériens et africains de l’Afrique occidentale française (AOF) et de l’Afrique équatoriale française (AEF) sont morts.
Guillaume
Actuailes n°178 - 12 juin 2024
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