L’ancien champion de sumo, le Hawaïen Akebono, premier champion suprême (yokozuna) non japonais de la discipline, est mort à l’âge de 54 ans au mois d’avril dernier.
Connais-tu ce sport étrange, qui présente de nombreux rituels et des lutteurs imposants considérés presque comme des demi-dieux?
Une lutte très ancienne
La création du sumo remonte à plusieurs siècles. Bien qu’on n’en parle dans les livres qu’à partir du VIIIe siècle, on estime que les premiers combats ont débuté il y a plus de 1500 ans. Cette lutte aurait été initialement une sorte de rituel pour prier les dieux et obtenir des récoltes abondantes. Elle plonge ses racines dans les traditions du shintoïsme, une religion qui n’existe qu’au Japon, avec de nombreuses divinités et esprits.
Les combats se déroulent sur un terrain surélevé fait d’argile et recouvert de sable délimité par un cercle, appelé dohyo. Les règles sont simples: celui qui sort du cercle ou qui touche le sol avec une autre partie du corps que ses pieds a perdu.
Les combats peuvent être très rapides et intenses, mêlant la force brute et des techniques de projection et de déséquilibre. Avant le combat, les lutteurs jettent du sel sur le sol afin de le purifier et frappent sur le sol avec leurs pieds pour chasser les mauvais esprits. Certains moments sont solennels et impressionnants. Akebono, en tant que yokozuna, avait ainsi effectué une cérémonie rituelle dohyô-iri à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Nagano en 1998, qui revêt une grande importance symbolique.
Vous pouvez retrouver cette cérémonie ici: https://youtube.com/shorts/auZEDb7r9QU?si=jx3Bk_NlCPjC7x25
Des lutteurs hors norme
Les lutteurs, appelés sumotori ou rikishi obéissent à une discipline très stricte. Connus pour leur taille énorme – pour 2,03 m, Akebono faisait 233 kg au sommet de sa carrière, et certains peuvent atteindre jusqu’à 280 kg! –, ils ne sont vêtus que d’une ceinture de tissu serrée autour de la taille et de l’entrejambe (mawashi) et ont une coiffure traditionnelle japonaise avec une sorte de chignon (chonmage).
Ils ont aussi une hiérarchie. Le rang le plus élevé, yokozuna, marque l’apogée d’une carrière de lutteur. Pour y accéder, il faut gagner au moins deux tournois d’affilée, mais également faire preuve d’un comportement exemplaire.
Depuis les années 1990, il est plus difficile de recruter des lutteurs dans la jeunesse japonaise, et le sport s’est progressivement ouvert aux lutteurs étrangers.
C’est ainsi qu’Akebono, pourtant né à Hawaii, a pu progresser dans la discipline jusqu’au rang le plus élevé, marquant un tournant dans l’internationalisation de ce sport. Aujourd’hui, il y a des lutteurs européens et même un Égyptien. Mais tous doivent se plier aux règles traditionnelles japonaises et aux rituels: tu l’as compris, les sumotori ne sont pas de simples lutteurs, mais aussi les gardiens d’une tradition millénaire, qui perpétuent l’héritage culturel du Japon.
Le savais-tu?
Jacques Chirac, président de la République entre 1995 et 2007, était un très grand fan de sumo. On dit même qu’il se relevait la nuit pour regarder des tournois. À tel point qu’une coupe «Jacques Chirac» a été créée pour les vainqueurs des tournois, après la coupe de l’empereur et celle du Premier ministre japonais!
Emmanuel
Actuailes n°178 - 12 juin 2024
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