Michelin lance le débat du «salaire décent» et augmente ses plus basses rémunérations dans le monde.
Une majorité de Français considèrent qu’une entreprise doit être utile pour la société dans son ensemble. Pourtant, jusqu’à 2019, le droit français ne reconnaissait pas la notion d’intérêt social. La loi Pacte1 a alors introduit la qualité de société à mission pour permettre aux sociétés d’affirmer publiquement leur raison d’être, ainsi que des objectifs sociaux et environnementaux.
Dans cette logique, le patron de Michelin, Florent Menegaux, a annoncé mi-avril la mise en place d’un «salaire décent» pour ses quelque 130000 collaborateurs. Cette décision interpelle la sphère économique et politique française et mondiale. De quoi s’agit-il? D’autres grands groupes internationaux ont-ils suivi? Pourquoi et comment?
Qu’est-ce qu’un «salaire décent»?
Le «salaire décent», d’après Florent Menegaux, doit permettre «à une famille composée de deux adultes et deux enfants, où qu’elle soit à travers le monde, de pouvoir se nourrir, se loger, éduquer les enfants, mais aussi de constituer une épargne de précaution et se projeter». Ancré dans le catholicisme social depuis sa fondation par les frères André et Édouard Michelin en 1889, le groupe renouvelle son engagement social avec cette proposition.
Une initiative inspirante
D’autres grands champions français sont aussi pionniers dans la mise en place de telles mesures. Deux exemples :
– le leader mondial des produits laitiers, Danone, s’est fixé pour priorité d’améliorer la prise en charge médicale de ses salariés : aujourd’hui, 96000 en bénéficient dans 55 pays;
– le gestionnaire international de l’eau et des déchets, Veolia, a instauré des mesures de protection sociale pour 213000 collaborateurs dans plus de 40 pays. Chaque salarié dispose d’une assurance maladie, d’un congé maternité de 10 semaines minimum payé à 100%, d’un congé paternité d’une semaine et d’un contrat de prévoyance en cas de décès.
Le géant des services – Sodexo – ou celui de la beauté – L’Oréal – ont pris des engagements similaires.
Des collaborateurs fidélisés
Pourquoi ces efforts? Ces avantages sociaux améliorent l’attractivité de l’employeur en le différenciant. Cela favorise le recrutement, renforce le sentiment d’appartenance des salariés et contribue à leur engagement.
Une mise en œuvre complexe
Malgré la forte fibre sociale qui anime ces entreprises, la mise en place de ces minima sociaux avance très lentement: complexité des calculs, envergure de ces groupes, variété des populations embauchées et des situations de chaque pays sont autant de difficultés pour exécuter ces initiatives. Ainsi, garantir à chacun de ses salariés une rémunération décente implique de tenir compte des différences du coût de la vie: le salaire minimum français – le «SMIC2» – est de 1398 € par mois, mais de 1412 réals au Brésil, soit environ 246 €.
Ces entreprises se sont ainsi saisies de l’une de leurs responsabilités essentielles: que cette initiative puisse porter les fruits attendus et inspirer d'autres acteurs!
Onero
Actuailes n°178 - 12 juin 2024
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