La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de rendre les conclusions d’un travail sur le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH).
Le but est de permettre un diagnostic plus rapide ainsi que l’accès aux soins pour les enfants présentant ce TDAH.
Le TDAH
C’est un trouble du neurodéveloppement. Touchant 5% des enfants dans le monde (plutôt les garçons), il débute dès la naissance, mais s’exprime entre 4 et 12 ans.
Il se caractérise par une grande difficulté du maintien de l’attention et/ou une impulsivité, une agitation incessante. Tout ceci retentit sur la vie scolaire, les apprentissages, et dans la vie sociale et familiale.
Les causes
Elles sont peu connues, mais on observe un caractère héréditaire (génétique). D’autres facteurs sont incriminés: carence en fer, apnée du sommeil, exposition au plomb ou exposition à différents toxiques in utero (dans le ventre maternel).
La prise d’alimentation sucrée semble aggraver les signes du TDAH, mais différentes études pointent les conservateurs et autres additifs qui y sont associés. Il y a probablement un cumul de causes entraînant cette modification des réseaux neuronaux cérébraux responsables des caractères cognitifs (pour interagir avec l’environnement, se concentrer, apprendre, raisonner…) et émotionnels.
Le diagnostic
Il est exclusivement clinique et repose sur l’examen d’un médecin, l’interrogatoire poussé de l’entourage (familial et scolaire) et un entretien avec un psychologue.
Les enfants concernés ont du mal à rester concentrés et sont facilement distraits − plus que les autres. Ils s’interrompent sans cesse dans leurs activités et interrompent les autres. Ils ne peuvent rester assis (ou même debout) sans remuer, agir, parler… Ces comportements existent depuis au moins six mois, se produisent à l’école, à la maison ou dans les loisirs et altèrent la qualité de vie au quotidien. Ils peuvent être associés à d’autres troubles affectant les apprentissages (dyslexie) et la coordination motrice. Plus étonnant, le TDAH peut s’accompagner de troubles métaboliques (diabète, obésité) ou encore d’allergies.
Les propositions de la HAS
Raccourcir les délais de consultation des centres de référence: actuellement, seuls des neurologues, pédiatres ou psychiatres peuvent en faire le diagnostic et proposer le traitement. Il faudrait former des médecins, notamment généralistes, à devenir «spécialistes» du TDAH pour multiplier les référents et mieux répartir l’offre de soins sur le territoire français.
Le traitement
Il peut améliorer les symptômes comportementaux et les capacités d’apprentissage; il repose sur des molécules psychostimulantes comme la Ritaline*. Les effets secondaires sont bénins et peuvent être contournés en changeant de molécule.
Mais il faut également une prise en charge non médicamenteuse, adapter la structure, mettre en place des routines, un plan d’intervention scolaire, suivre des thérapies avec un psychologue spécialisé…
La bonne nouvelle: l’adulte TDAH semble mieux s’adapter au monde du travail qu’à l’école. Mais un diagnostic et une prise en charge précoces sont bénéfiques, car 6 mois dans la vie d’un enfant, c’est déjà la moitié d’une année scolaire. Souhaitons que les propositions de la HAS soient vite mises en pratique…
Dr Emannuelle Fernex
Actuailes n°180 - 2 octobre 2024
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