Le sommet du «Forum de coopération sino-africain» a eu lieu début septembre. Quelles relations entretiennent l’Afrique et la Chine ?
Cette rencontre triennale entre des dirigeants africains et le président chinois structure les relations entre les deux blocs. Xi Jinping vient par exemple d’y annoncer un soutien de 50 milliards de dollars sur trois ans au continent africain.
Des relations avant tout asymétriques
Les projets chinois en Afrique sont nombreux: panneaux solaires au Zimbabwe, trains en Zambie, etc. Depuis plus de 15 ans, Pékin s’est imposé comme le premier créditeur bilatéral du continent. ÀDjibouti, au Nigeria ou en Guinée, 80% des infrastructures sont réalisées par des opérateurs chinois. Cette dynamique de prêts est d’abord asymétrique: la moitié des prêts octroyés en 2016 ne concernaient que l’Angola.
Si la Chine n’est pas l’unique responsable de l’endettement africain, elle en a été un acteur majeur ces dernières années. Les prêts chinois ciblent certains secteurs: extractions de minerais (cobalt, lithium, etc.), d’hydrocarbures ou d’autres ressources naturelles et grands projets d’infrastructures. Ainsi, 15 des 19 mines de cobalt de la République démocratique du Congo (70% de l’approvisionnement mondial) appartiennent à des intérêts chinois.
Cependant, ces prêts sont loin d’être gratuits: la Chine a été accusée de prêter à l’Afrique de manière prédatrice – on parle même de «piège de la dette» – en exigeant des gouvernements des concessions lorsque ceux-ci ne parvenaient plus à rembourser. Ainsi, de prêteur, la Chine devient propriétaire de certaines infrastructures du continent.
La dépendance de l’Afrique à la Chine est également commerciale: depuis 2009, la Chine est le premier partenaire du continent africain, alors que l’Afrique ne représente que 3% du commerce extérieur chinois! Et la Chine a bien compris son intérêt: on estime qu’à la fin du siècle, 40% de la population mondiale résidera en Afrique, débouché massif pour la production chinoise, dont la population vieillissante ne fait que décroître.
Soutien fondé aussi sur une coopération politique
En effet, Xi Jinping souhaite moderniser le Sud global et lui donner une nouvelle dynamique. L’arrivée des Chinois a par ailleurs aussi permis aux Africains de sortir des relations dont ils étaient souvent insatisfaits avec les anciennes puissances coloniales, en leur offrant la possibilité de se démarquer de l’Occident.
Pour la Chine, l’intérêt politique de cette relation est clair: elle récupère notamment des votes à l’Assemblée générale des Nations Unies. Par exemple, il y a plus de 50 nations africaines à l’ONU et la Chine a persuadé la quasi-totalité d’entre elles de ne plus reconnaître Taïwan en tant qu’État. C’est également grâce à ses soutiens africains que la Chine a réussi à obtenir la direction de 4 agences onusiennes, situation inédite!
La Chine et l’Afrique sont donc dans une relation très asymétrique: la Chine se rend indispensable au continent africain alors que l’inverse n’est pas du tout vrai!
Marie
Actuailes n°180 - 2 octobre 2024
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