La scène se passe pendant la guerre des Flandres, menée par les Pays-Bas pour se libérer du joug espagnol.
Un contexte historique bien précis
Les Espagnols cherchent à reprendre la ville de Bréda, place-forte importante pour les deux camps, alors aux mains des Hollandais. La défense de la ville fut héroïque, le siège durant près d’un an (d’août 1624 au 5 juin 1625), mais la garnison en place dut finalement rendre les armes.
L’armée espagnole admira le courage de ses adversaires, et Spinola, commandant de l’armée espagnole, ordonna que les vaincus soient bien traités.
Le tableau de Velásquez représente la rencontre, particulièrement courtoise, entre les deux chefs de guerre. À ce moment précis, Justin de Nassau, chef des troupes hollandaises, remet les clefs de la ville de Bréda à Ambroglio Spinola.
Que voyons-nous?
Dans le lointain, sur un ciel gris, les fumées sont les seules traces visibles de la guerre. Cet arrière-plan donne une bonne idée du terrain sur lequel les deux armées évoluaient, même si les détails manquent. Mais des combats, peu de traces sur les hommes. Ni blessure, ni sang, ni vêtements déchirés. Chacun des soldats est représenté avec son caractère particulier, certains, distraits, n’ont pas l’air intéressés par la scène. L’ensemble forme un beau portrait de groupe, comme les aiment les peintres du nord.
Les lances des vainqueurs se tiennent bien droites, quelques-unes restent penchées pour éviter la monotonie. Les piques et hallebardes des vaincus, regroupées à gauche du tableau, sont beaucoup moins bien rangées.
As-tu remarqué la place importante du cheval? Surprenante exposition, on en voit essentiellement la croupe!
Un signe de civilisation
Le vaincu s’incline devant celui qui a gagné la bataille. Mais le vainqueur le redresse, mettant la main sur son épaule, lui évitant de s’humilier. L’autre n’est pas seulement un ennemi, c’est d’abord un homme. Les deux protagonistes se regardent avec bienveillance. Ce respect mutuel rend la paix possible, malgré la violence des affrontements, puisqu’il n’y a pas de haine. Quel signe de civilisation!
Sophie Roubertie
Actuailes n°181 - 16 octobre 2024
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