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Séisme boursier au Japon cet été

15-10-2024 à 13:13:44

Au début du mois d’août, la Bourse de Tokyo, l’une des plus importantes places financières du monde, s’est mise à trembler. Mais que s’est-il passé? 

Le 5 août dernier, la Bourse de Tokyo connaissait une chute de plus de 12%, du jamais-vu au Japon depuis le «krach1 du lundi noir d’octobre 1987».  

Le «carry trade», cause principale du krach 

Le grand mécanisme derrière cette chute est celui du «carry trade» qui permet de profiter d’un écart de taux d’intérêt entre deux pays. C’est un mécanisme dit «d’arbitrage» dans notre monde où la finance est très globalisée, c’est-à-dire que l’argent circule très facilement entre les pays. 

Pour faire du carry trade, les investisseurs ont besoin de 3 éléments: 1. un pays où s’endetter en monnaie locale qui ne coûte pas très cher; 2. que cet argent puisse être échangé facilement dans une autre monnaie sans trop de risques; 3. et enfin un pays de destination où investir cet argent nouvellement libellé. 

Le Japon a rempli ces conditions pendant longtemps. Le taux directeur de la Bank of Japan (BoJ) a longtemps été à 0%: autrement dit, l’argent japonais était quasi-gratuit. Par ailleurs, le taux de change contre le dollar américain ne cessait de se déprécier (chaque jour, on pouvait acheter plus de yens pour le même montant de dollars). Enfin, le marché des bons du Trésor ou de la tech2 aux États-Unis offrait de forts rendements. Les investisseurs du monde entier s’endettaient donc en yens au Japon, les changeaient contre des dollars américains pour ensuite investir aux États-Unis.  

Un mécanisme qui s’enraye 

Mais, au cours des derniers mois, il y a eu de petits accrocs. Tout d’abord, à la fin du mois de juillet, la BoJ a augmenté son taux directeur, qui est passé de 0% à 0,25%. Cela n’est pas beaucoup, mais c’est la première fois depuis 2008 qu’il atteint ce niveau! Par ailleurs, comme le taux d’intérêt est en quelque sorte le prix de la monnaie, les gens qui en achètent vont être rémunérés maintenant que ce taux est positif; du coup, les investisseurs demandent plus de yens. Or, quand tout le monde veut acheter en même temps la même chose, son prix augmente: le prix du yen contre le dollar (le taux de change) augmente donc. 

Enfin, dernier élément très important: au même moment, il y a de mauvaises nouvelles sur les marchés américains de la tech (Google, Tesla, etc.). 

Résultat: chacun des maillons de ce mécanisme est touché, et ce pour des raisons différentes. 

Les investisseurs n’aiment ni les mauvaises nouvelles ni l’incertitude, et en ce moment il y en a beaucoup: mauvaises nouvelles économiques, tensions géopolitiques, etc. Quand ils sentent le vent tourner, ils changent de stratégie et peuvent choisir de retirer leur argent: c’est ce qui fait chuter les Bourses, comme au Japon cet été. Ces turbulences sont également le révélateur de l’interdépendance des économies, où tout est lié, et les mauvaises nouvelles créent un effet domino chez les autres.  

 

Le savais-tu? Les effets du krach de 29 

Quand les bourses s’effondrent, les effets sur le monde réel peuvent être très violents! La crise de 1929 en est le parfait exemple: on estime qu’elle a contribué à la montée du nazisme, notamment à cause du chômage de masse. Même si la situation est bien moins grave au Japon, garde bien en tête que ces phénomènes apparemment cantonnés à la finance peuvent avoir un effet très concret sur la vie des gens! 

Marie de la Biche 

Actuailes n°181 - 16 octobre 2024


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