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Trump réélu: quel impact pour l’Afrique?

12-11-2024 à 11:12:25

Les États-Unis ont toujours eu des intérêts en Afrique; cette nouvelle élection se joue aussi sur ce continent.  

Lors de son premier mandat, Donald Trump avait fait preuve d’un grand mépris pour les sujets africains, allant jusqu’à susciter l’indignation en parlant de «pays de merde». Qu’en sera-t-il et quelle sera la position des autres compétiteurs présents en Afrique?  

Les relations économiques  

Ces relations États-Unis/Afrique sont régies par un accord signé en l’an 2000, l’AGOA (African Growth Opportunity Act), qui permet aux pays africains d’exporter de nombreux produits vers les États-Unis sans droit de douane. Des conditions sont à respecter, comme le pluralisme politique, le respect des droits humains, la lutte contre la corruption.  

L’Afrique du Sud, plus grand exportateur non pétrolier vers les États-Unis, se prépare déjà à la hausse des droits de douane promise par Trump. L’AGOA pourrait donc être menacé, afin que les échanges se concentrent sur certains pays triés sur le volet.  

Que deviendront de grands projets d’infrastructures, tel l’ambitieux «couloir Lobito», projet ferroviaire visant à relier l’Afrique centrale à l’Angola (et à concurrencer la Chine) pour faciliter l’exportation de minerais de cuivre et de cobalt?  

Les États-Unis sont ensuite un important fournisseur d’aide à l’Afrique, avec 4 milliards de dollars prévus pour 2024. Lors de son premier mandat, D.Trump avait proposé de réduire l’aide étrangère, fidèle à son principe isolationniste «America first», mais s’était heurté à la résistance du Congrés.  

Sur le plan climatique, on se souvient, durant le premier mandat Trump, du retrait américain de l’accord de Paris visant à freiner le réchauffement climatique, que Trump qualifie d’«escroquerie». Son retour suscite donc une profonde appréhension africaine.  

Sur le plan sécuritaire 

Alors que les forces américaines ont longtemps joué en Afrique un rôle dans la lutte contre le djihadisme, Trump avait ordonné le retrait de Somalie. Depuis, l’armée américaine s’est aussi retirée du Niger, mais des discussions seraient en cours avec d’autres partenaires afin de recalibrer l’aide américaine. Trump étant très critique envers les milliards de dollars dépensés pour l’Ukraine, il pourrait réorienter ces fonds vers le continent.  

L’Afrique n’est pour Trump qu’un champ de bataille face aux géants russes et chinois: la seule référence à l’Afrique dans le projet de campagne de Trump est la reconnaissance du Somaliland. Si beaucoup de dirigeants africains l’ont félicité pour cette seconde élection, ils ne sont toutefois pas dupes, à l’image du président kenyan Raila Odinga, qui a assuré que le continent avait «d’autres amis si Trump ne veut pas travailler avec l’Afrique».  

Parmi ces amis, la Russie recevait les 10 et 11 novembre à Sotchi de hauts responsables africains. Si certains, comme le Mali, clament encore que la Russie n’est pas une puissance coloniale, les sceptiques sont de plus en plus nombreux. Avec 5 milliards de dollars d’armement livrés en 2024 et un intérêt croissant pour les matières premières (bauxite, pétrole, diamants), l’Afrique ressemble plus pour la Russie à un intérêt conjoncturel – lié à son bras de fer avec l’Occident – qu’à une véritable alliance de long terme.  

Guillaume P.

Actuailes n°182 - 13 novembre 2024


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