Trump 2: conséquences pour l’Europe ?

Le retour surprise de Donald Trump à la présidence des USA crée les conditions d’un «orage parfait» dans l’Union européenne, déjà confrontée à de très graves problèmes internes. 

Au sein de l’UE, l’immense majorité des gouvernements, des décideurs et des médias a toujours manifesté une hostilité franche envers Donald Trump, et ce depuis sa première campagne de 2016. Pris de cours par sa réélection surprise et triomphale, conjuguée à sa victoire au Sénat, les décideurs européens font face à une situation critique. 

Déclin économique 

En effet, l’UE est désormais en plein déclin économique, une «lente agonie1»: en 2008, un Européen était 10% moins riche qu’un Américain; il l’est aujourd’hui 44% moins2. En effet, les États-Unis profitent du gaz et du pétrole qu’ils produisent, alors que les Européens refusent d’en produire; de plus, ils n’hésitent pas à pratiquer un protectionnisme très fort. Surtout, les sanctions américaines contre les gazoducs Nord Stream (initiées sous Trump 1) puis leur destruction (sous Biden) ont mis l’économie allemande à genoux. Justement, Donald Trump a annoncé vouloir taxer fortement les produits industriels européens – et surtout l’automobile allemande. Or celle-ci souffre déjà de la Chine, qui profite de la faiblesse de l’UE pour y déverser ses voitures: rien que la semaine dernière, VW, Michelin, Schaeffler et de nombreux autres acteurs ont annoncé des fermetures en Europe… en attendant le coup de grâce porté par Donald Trump.  

Retrait de l’Ukraine 

Pour suivre les USA dans la guerre contre la Russie, les Européens ont dépensé $125 milliards depuis 2022, alors que les États-Unis ont mobilisé environ $90 milliards. Or Trump a promis de stopper les dépenses dans les conflits qui ne concernent pas directement les États-Unis et de finir la guerre d’Ukraine en 24 heures. Si les USA se retirent du conflit, les Européens se retrouveront seuls à payer… et devront peut-être même s’y engager militairement. À moins que les présidents Trump et Poutine ne trouvent directement un accord de paix à leur niveau. 

Plan d’investissement massif 

En urgence, les décideurs de l’UE préparent un nouveau plan d’investissement, surnommé MEGA – Make Europe Great Again, pour parodier le fameux MAGA3 de Donald Trump. Mais un plan d’une telle ampleur (800 milliards!) nécessiterait plusieurs conditions, et d’abord un moteur franco-allemand solide. Or, en France, le gouvernement est minoritaire et n’arrive pas à finaliser son budget, limité par des déficits astronomiques, tandis que la relation française avec l’Allemagne est très écornée. Et c’est l’Allemagne qui devrait payer ce MEGA plan de relance… mais la coalition du chancelier Olaf Scholz vient d’exploser cette semaine, précisément sur ces questions de l’Ukraine et de la dette. Scholz va probablement devoir démissionner et organiser et de nouvelles élections législatives. Enfin, si jamais un tel MEGA plan voyait le jour, quelle crédibilité accorder à l’UE pour le mener à bien, quand on se souvient du fiasco que fut «NextGenerationEU», le grand plan de relance post-covid?  

Siegfried

Actuailes n°182 - 13 novembre 2024