Lors de «l’inauguration» du 20 janvier 2025, l’ancien président Trump retournera à 78 ans dans le célèbre bureau ovale de la Maison Blanche.
Après 10 mois d’un cycle électoral complexe et émaillé de rebondissements spectaculaires (trahison des candidats par certains proches, suspense judicaire, tentatives d’assassinat, séquences publiques d’amnésie et d’insultes, arrivée d’une nouvelle candidate), les bulletins des 140 millions d’électeurs ont tranché. Cette élection est particulière à maints égards.
Soutien populaire et des minorités
Il a nettement augmenté pour Trump (46% des Latinos l’ont approuvé) autant qu’il a été sous-estimé. Si Harris a remporté 53% des votes féminins (57% pour Biden en 2020) et la majorité des Afro-américains, ces derniers ont cependant été deux fois plus nombreux à voter pour Trump qu’en 2020.
La stratégie républicaine a été pragmatique: les nombreux petits gains locaux permis par 900 meetings publics dans différents endroits ont permis la victoire générale. La communication, toujours essentielle, doit être intelligente: les annonces catastrophistes (Trump = fin de la démocratie), voire la diabolisation par les démocrates, n’ont pas suffisamment convaincu.
Enfin les résultats sont frappants: Trump a remporté l’élection avec 301 grands électeurs contre 226 pour Harris. Avec, en outre, une majorité quasi certaine au Congrès, le président jouira, avec une Cour suprême à majorité conservatrice, d’une rare liberté pour mettre en œuvre sa politique; son vice-président – JD Vance – annonce que «la date du 5 novembre marque le plus grand retour politique dans l’histoire des US».
Comment expliquer cette victoire?
La victoire de Trump en 2024 s’explique par plusieurs facteurs-clés:
Le style personnel des candidats : Trump est connu pour son style direct et son franc-parler, qui plaît à ceux qui voient en lui une alternative au politiquement correct. Ce style lui a permis de toucher des électeurs qui apprécient son ton libre, même s’il est souvent jugé provocateur. De son côté, Kamala Harris n’a pas réussi à gagner assez de confiance parmi certains électeurs, malgré son expérience et ses qualités.
Les programmes politiques: Les programmes jouent un rôle central pour convaincre les électeurs. Harris a centré sa campagne sur des idées de changement, mais elle a été associée aux décisions de Joe Biden, ce qui a découragé une partie de la base démocrate dans les régions qui soutiennent traditionnellement ce parti. À l’inverse, Trump a mis l’accent sur des sujets sensibles comme l’immigration et l’économie, qui préoccupent beaucoup d’Américains. Ces promesses lui ont permis de gagner des voix, malgré le fait que certaines personnes n’apprécient pas son style.
La réaction aux pressions sociales: de nombreuses célébrités et personnalités publiques soutenaient Harris et ont encouragé les gens à voter contre Trump. Cependant, cette pression a parfois eu l’effet inverse. Beaucoup d’électeurs se sont tournés vers Trump, refusant ce qu'ils ont perçu comme une tentative de manipulation.
Événements inattendus: juste avant l'élection, Trump a été ciblé par des tentatives d’assassinat. Il a utilisé ces incidents pour se présenter comme un leader fort, voire protecteur, ce qui a résonné auprès des électeurs chrétiens ou conservateurs. Ces événements imprévus ont sans doute aussi influencé certains indécis à voter pour lui.
En somme, Trump a su attirer des électeurs grâce à son style, son programme axé sur des sujets concrets, et une campagne marquée par des événements qui ont renforcé son image de leader fort auprès de certains Américains.
Qu’attendre de Trump?
«Je gouvernerai avec une devise simple: promesses faites, promesses tenues.» Les actes ayant suivi les mots en 2016 (mur anti-migrants à la frontière sud, défaite de l’état islamique…), cela présage des mesures fortes en 2025 (immigration – tout en rappelant que l’immigration légale reste bienvenue –, suppressions massives d’impôts, révision de différentes politiques: énergie, climat, sociale, dont genre et inclusivité).
Quid pour la France?
Il n’y a pas forcément lieu de s’inquiéter a priori: d’abord, parce que les administrations démocrates ou républicaines précédentes ne nous ont déjà pas ménagés: en 2003, Bush junior avait crispé les relations diplomatiques, suite au refus du président Chirac d’engager les armées françaises en Irak; en 2021, c’est sous Biden que les USA ont passé un accord avec les Australiens conduisant ces derniers à rompre un contrat majeur conclu avec Paris (perte de 90 milliards). Tout cela tient à une raison simple: ce sont tous des Américains et ils défendent d’abord leurs intérêts. Enfin, affronter une hostilité américaine dans certains domaines pourrait avoir l’effet paradoxal mais positif de mieux fédérer les Européens. De saines relations avec la France passeront sans doute par la capacité de Paris à communiquer directement avec Washington sans le faire via Bruxelles, Trump croyant davantage à la personnalité des pays qu’aux superstructures qui les chapeautent.
Vis à vis du monde ?
Trump annonce qu’il n’est pas belliqueux. Les relations avec la Chine et la Russie seront sans doute moins manichéennes et plus transactionnelles: faire finir la guerre par Moscou au plus vite et poursuivre les affaires avec Pékin dans une logique de bénéfices mutuels plus justes. Une sortie de l’OTAN est peu probable, moins par conviction de son utilité que par intérêt commercial (vente d’armes). L’approche de la question palestinienne sera à suivre avec attention à l’aune d’une relation intime avec Israël.
Dans tous les cas et quelle que soit son opinion politique personnelle, il y a aujourd’hui une erreur à ne pas répéter: en 2016, personne quasiment n’avait pris Trump au sérieux, ne l’avait lu ou écouté avant son élection. Si beaucoup ont alors feint d’être surpris, ce qui devait arriver arriva bien. En 2025, c’est ce qui aura été annoncé aujourd’hui qui pourrait survenir, pour le meilleur ou pour le pire!
Le savais-tu?
MAGA veut dire «Make America Great Again»: ce slogan remonte au président REAGAN qui l’avait formulé en 1980 pour relancer le patriotisme en contexte de crise économique.
La Maison Blanche est la maison des présidents depuis 1800, mais ce nom ne lui a été attribué qu’en 1901 par le président Roosevelt.
Les seuls Américains qui ont pu voter par courriel furent les astronautes de la station spatiale internationale!
Oncle Tom
Actuailes n°182 - 13 novembre 2024
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