Été 1945, quelques semaines avant et après la bombe atomique. Ce film d’animation donne à voir la fin de la guerre au Japon vécue par les civils, à travers l’histoire de deux enfants. Un frère qui va tout faire pour protéger sa jeune sœur.
Pour un spectateur français, ce récit de guerre donne un point de vue tout à fait inédit, puisque nous y assistons, non seulement depuis le Japon, mais depuis la population civile, qui subit les bombardements à Kobe dans la plus grande impuissance. De plus, les deux héros sont très jeunes: Seita est un adolescent de 14 ans, sa sœur une fillette de 4 ans. Au début du film, ils ont toujours leurs parents, même si le père est parti combattre. Mais, quand il arrive malheur à leur mère, Seita se retrouve à devoir agir en adulte pour maintenir Setsuko dans l’état d’innocence auquel son âge lui donne droit. Il doit aussi, très pragmatiquement, lui trouver de quoi manger chaque jour, de quoi se vêtir, et un toit pour dormir quand leur maison se retrouve dévastée par les flammes et que l’entourage familial éloigné ne peut plus rien pour eux. Pourtant, Seita reste lui aussi un enfant, et la vie s’avère cruelle pour ceux qui sont obligés de grandir trop vite.
À propos
Le Tombeau des lucioles est un film longtemps resté ignoré en France: il n’est sorti au cinéma que huit ans après sa sortie au Japon. Entre-temps, le studio Ghibli (fondé par Takahata avec l’autre grand réalisateur de films d’animation japonais, Miyazaki) s’est fait connaître mondialement pour la qualité de ses productions. Cette œuvre-ci, montrant la guerre à hauteur d’enfant et du point de vue des perdants, est une tragédie bouleversante aujourd’hui considérée comme un classique. L’innocence et la joie de vivre de la toute petite et très mignonne Setsuko sont déchirantes pour le spectateur qui sait ce qui se passe autour d’elle sans qu’elle le comprenne, tandis que son frère essaie par tous les moyens de la préserver des horreurs du monde. Lui-même est un personnage très émouvant, car il se débat pour se montrer responsable, agir, trouver des solutions au jour le jour, alors qu’on le voit lui aussi être encore un enfant qui aurait surtout besoin d’un réconfort qui ne viendra jamais. Ce film délicat et tragique n’est pas sans rappeler Jeux interdits (1952), un autre film évoquant la même guerre du point de vue des enfants.
Avertissement: Ce film est généralement recommandé à partir de 11 ans, mais il est préférable de le regarder avec des adultes, car il suscite des émotions très fortes.
Fiche du film:
Réalisateur : Isao Takahata (1935-2018)
Année : 1988
Durée : 1h29
Genre : drame, guerre
À partir de 11 ans (voir avertissement)
Production: Studio Ghibli
Pleins feux sur… Kobe
Ville portuaire comptant aujourd’hui 1,5 million d’habitants, Kobe a été largement détruite en 1945 par les bombardements incendiaires au napalm des Américains. C’est aujourd’hui un des plus grands ports du Japon.
Marie Joncquez
Actuailes n°183 - 27 novembre 2024
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