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Nos agriculteurs en colère contre le Mercosur

26-11-2024 à 12:59:23

L’accord de libre-échange liant l’Union européenne au Mercosur est en passe d’être conclu, après plus de 25 ans de négociations.  

La concurrence déloyale qu’engendrerait une telle signature pousse une fois encore nos agriculteurs à manifester leur mécontentement.  

Une année placée sous le signe de la colère 

Du 29 janvier au 2 février 2024, des cohortes de tracteurs bloquent les autoroutes et mettent la capitale en état de siège. Les agriculteurs sont venus de la France entière pour clamer leurs revendications et exposer le malaise profond qui pèse sur le secteur agricole. Le gouvernement promet l’application de mesures concrètes et rapides, et la mobilisation s’éteint peu à peu d’elle-même. 

Depuis le 18 novembre, les tracteurs sont de retour sur nos routes. Cette fois, la colère du monde agricole se concentre sur la possible signature d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, le marché commun du Sud, réunissant 5 pays: Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay (le Venezuela a été suspendu).  

Le plus vaste accord jamais entrepris par l’UE 

Un accord de libre-échange induit un abaissement, voire une suppression des droits de douane afin de fluidifier les flux de marchandises entre les pays signataires. Les entreprises y trouvent de nouveaux débouchés, et les acheteurs un accès simplifié à des produits moins chers, car peu taxés. L’accord UE-Mercosur serait ainsi bénéfique pour de nombreux secteurs économiques européens tels que l’automobile, la viticulture ou les produits laitiers.  

Les détracteurs de ce traité dénoncent un «deux poids, deux mesures» de l’UE qui fait peser quantité de normes sanitaires et environnementales sur les producteurs européens, mais ouvre son marché à des pays bien moins exigeants. En particulier, la crispation se fixe autour de la question de l’importation de viande bovine, dont les pays du Mercosur sont de grands producteurs. Il est impossible d’assurer la traçabilité du bétail sud-américain de la naissance à l’abattage, comme c’est le cas en Europe. 

L’agriculture: un secteur déjà sous tension 

Le risque pour nos éleveurs est de finir dépassés par la concurrence déloyale d’une viande étrangère vendue à bas coût. L’exigence alimentaire européenne induit de son côté une augmentation du temps de production, de son coût et donc du prix à l’achat. L’accord prévoit des importations limitées à 99000 tonnes annuelles (soit 1,6% de la production de l’UE), mais cela reste suffisant pour ébranler toute une filière déjà mise à mal.  

Pour les agriculteurs, la signature d’un tel traité confirmerait le sentiment d’abandon qu’ils reprochent à l’État depuis des années déjà, et aggraverait leur précarité. En France, le nombre d’exploitations agricoles disparues ces dix dernières années est de plus de 100000. En cause: des revenus insuffisants (1475€ brut en moyenne, soit 300€ de moins que le SMIC, pour des semaines de travail de plus de 70 h) et une accumulation de normes sanitaires et environnementales trop ambitieuses et déconnectées de la réalité du travail agricole.  

Briac Saint Loubert Bié  

Actuailes n°183 - 27 novembre 2024


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