La visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc à la toute fin d’octobre 2024 a marqué un tournant significatif dans les relations de la France avec le royaume.
Il s’agit notamment de la question épineuse du Sahara occidental. Quels sont les éléments-clés de cette nouvelle position française?
Un soutien affirmé à la souveraineté marocaine?
Le président français est redevenu un allié de choix pour le roi du Maroc, Mohammed VI Après une période de froid de plus de trois ans. En effet, en 2021, l’affaire du logiciel d’espionnage Pegasus (de fabrication israélienne et acheté par le Maroc) avait éclaboussé les liens entre Rabat et Paris, cette dernière accusant le Maroc d’espionner Emmanuel Macron.
Mais, lors de sa visite à Rabat fin octobre 2024, le président de la République s’est changé en un partenaire privilégié, reconnaissant «la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental». Cette bande côtière, au Sud du Maroc, est revendiquée par le front Polisario, un groupe indépendantiste soutenu notamment par l’Algérie. Le sujet est donc international. L’Algérie a aussitôt rappelé son ambassadeur à Paris, annonçant une nouvelle crise avec Paris; et la Tunisie a emprisonné le chercheur français Victor Dupont (relâché depuis), accusé d’«atteinte à la sécurité de l’État», une première...
Par la suite, le ministère des Affaires étrangères français a mis à jour ses cartes officielles pour inclure le Sahara occidental dans les territoires marocains: «Cette mise à jour de la carte symbolise, non seulement un acte diplomatique, mais aussi un signe de solidarité et de soutien aux aspirations marocaines.» La France s’est engagée «diplomatiquement pour convaincre que la solution marocaine est la seule, au sein de l’Union européenne et des Nations Unies».
Une nouvelle page à écrire
Reçu avec tous les égards dus à son rang – et peut-être au-delà vu la taille de la délégation présidentielle! –, le président Macron est devenu l’invité de marque du royaume. En contrepartie de cette prise de position marquée, d’ailleurs non conforme à celle de l’ONU, qui maintient le statu quo, le monarque a signé des contrats avec la France, pour environ dix milliards d’euros.
Cependant, à propos de la question palestinienne, soutenue par le peuple marocain plus que par le régime (qui échange avec Israël depuis 2020), Emmanuel Macron semble n’avoir pas marqué tous les points escomptés. En affirmant qu’Israël avait le droit de répondre aux attaques gazaouies, il s’est attiré les foudres de la rue et des ONG: une rature sur la nouvelle page d’écriture des relations?
Quoi qu’il en soit, en admettant ceux du roi marocain, la France entend servir ses intérêts et ouvre ainsi un nouveau chapitre dans les relations bilatérales. Car la perception de notre pays en Afrique du Nord n’est pas bonne, surtout en Algérie. Alors, ce pari marocain est-il un bon calcul?
Abu Jibril
Actuailes n°183 - 27 novembre 2024
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