Le mal de mer, ses origines - santé

Les concurrents du Vendée Globe se sont élancés il y a quelques jours et vont passer quatre mois sur les flots agités. Savez-vous que ces habitués du grand large souffrent aussi du mal de mer?  

D’où vient cette sensation si désagréable? Le nom scientifique du mal de mer (ou mal des transports plus généralement) est la cinétose. Les symptômes les plus visibles sont les nausées, les vomissements et la pâleur, bien sûr, mais certains signes plus discrets peuvent les précéder comme une hyperventilation (respiration plus rapide), des bâillements, une salivation plus importante ou un mal de tête.  

Origine 

Ces sensations désagréables sont déclenchées par des parties de notre système nerveux central (notre cerveau) que nous ne commandons pas volontairement. Cette réaction se met en place quand le centre de notre équilibre subit un stress.  

L’organe sensible de notre équilibre s’appelle l’appareil vestibulaire, et c’est lui le responsable de la cinétose. Il est situé dans notre oreille interne (plus profondément que le tympan) et constitué de petits canaux arrondis – les canaux semi-circulaires – et de petits sacs dans lesquels se trouve un liquide. Ce liquide va se déplacer dans ces canaux et saccules en fonction des mouvements de notre tête et stimuler un nerf qui transmet les informations au reste du cerveau. Il va être notamment sensible aux mouvements de rotation ou d’accélération que nous subissons. 

Le mal de mer survient quand l’appareil vestibulaire est trop stimulé: avec des mouvements répétitifs et violents en angle (comme d’énormes creux de vagues) ou verticaux (chute, saut à l’élastique…). Il survient aussi quand il y a une incohérence entre ce que mon oreille interne ressent et ce que je vois: par exemple, si je suis enfermé dans une cabine de bateau et que je regarde un mur qui ne bouge pas, mais que mon appareil vestibulaire ressent les mouvements de mon corps à cause des vagues, le cerveau reçoit deux informations contradictoires:« je bouge» et «je ne bouge pas», ce qui déclenche la cinétose.  

Les facteurs aggravants 

Plusieurs facteurs peuvent favoriser la cinétose: certains ont naturellement un appareil vestibulaire plus sensible, notamment les enfants entre 2 et 12 ans. Le fait d’être angoissé, d’avoir pris un gros repas ou l’action des hormones pendant la grossesse augmentent les symptômes; les mauvaises odeurs ou un manque de ventilation également. Au bout de plusieurs jours avec la même stimulation, le corps s’habitue et ne ressent plus la cinétose, mais elle peut revenir si les conditions changent: un marin habitué à un gros bateau peut éprouver à nouveau le mal de mer sur un plus petit, par exemple. 

Comment prévenir ou soulager la cinétose? 

Pour éviter les symptômes, il vaut toujours mieux regarder l’horizon qu’un point fixe, ne pas rester enfermé, mais s’aérer, ou essayer de dormir si on le peut (pour ne pas avoir des signaux visuels contradictoires). Ces consignes sont aussi valables en voiture! On peut enfin prendre des médicaments adaptés quand le problème est trop important. 

Bon vent à tous! 

Docteur Anne-Sophie Biclet

Actuailes n°183 - 27 novembre 2024