Le panda géant est une espèce doublement protégée. Au titre de la préservation de la biodiversité… et au service de la diplomatie chinoise.
C’est (encore!) une histoire qui commence avec un missionnaire français. En 1862, l’abbé Armand David, prêtre originaire du Pays basque, arrive à Pékin à la demande d’un naturaliste britannique pour y fonder une école, et le seconder dans ses travaux de zoologie.
«Trésor national»
Après plusieurs années d’évangélisation et d’exploration de la Chine, il arrive en 1869 dans la province du Sichuan. C’est là qu’il découvre une nouvelle espèce d’ours, «qui paraît devoir être nouveau pour la science», et dont il fait la description sommaire: «blanc, avec les oreilles, le tour des yeux et le bout de la queue d’un noir-brun». Sa découverte se propage à tout le monde occidental. Cette espèce n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Symbole d’équilibre entre la force et la sagesse, le «grand chat-ours» (c’est ainsi qu’on le désigne en mandarin) est officiellement hissé au rang de «trésor national» en 1949. Pour qu’un panda quitte l’empire du Milieu, il faut une longue négociation avec le pays-hôte, et l’autorisation du président!
Une diplomatie du symbole
La «diplomatie du panda» se met en place au début des années 1950 avec l’avènement de la Chine communiste. Ils sont offerts en remerciement, en signe d’amitié ou pour sceller une réconciliation.
Ainsi, en 1972, l’arrivée de deux pandas au zoo de Washington témoigne de l’ouverture des relations officielles entre la Chine communiste et les États-Unis d’Amérique. La France n’est pas en reste, et reçoit son premier couple de pandas en 1973, en mémoire de… l’abbé David! Entre 1957 et 1982, la république populaire a donné 23 pandas à neuf pays.
La politique du don change en 1984; désormais, les pandas seront symboliquement prêtés, ou plus précisément loués, contre une somme substantielle et lucrative versée au titre de la préservation de l’espèce. Ainsi, toute l’espèce reste la propriété exclusive de la Chine. Au ministère chinois des Affaires Étrangères, un bureau est spécialement chargé du suivi des pandas à travers le monde. C’est aussi lui qui choisit le surnom de tous les bébés nouveau-nés hors des frontières; et c’est la première dame (l’épouse du président en exercice) qui en est généralement la «marraine»!
La France est restée sans panda de 2000 à 2011. Le dalaï-lama, autorité morale et spirituelle de la religion bouddhiste, mais aussi chef du gouvernement tibétain en exil, avait été reçu officiellement à Paris. Cela n’avait pas plu au pouvoir communiste chinois. Il aura fallu cinq ans de négociation pour voir de nouveau un couple de pandas au zoo de Beauval.
Une vingtaine de pays dans le monde accueillent aujourd’hui un couple de pandas. Et chaque mouvement est scruté avec attention, et interprété avec autant d’intérêt!
Le savais-tu?
Le panda est aussi l’animal-totem du World Wildlife Fund, organisation indépendante créée en 1961. Il s’agit de l’une des premières fondations pour la préservation de la nature et de l’environnement à l’échelle mondiale.
Actuailes n°184 - 11 décembre 2024
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