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Tchad: fin de la lune de miel? Rupture des accords de coopération.

09-12-2024 à 11:20:00

Le jeudi 28 novembre, le Tchad a annoncé la rupture unilatérale des accords de coopération et de défense avec la France, qui étaient en vigueur depuis 1976.  

C’est un nouvel épisode dans le déclin progressif de l’influence de notre pays sur le continent, et de la montée en puissance de nos compétiteurs, dont la Russie. Retour sur 50 ans de lune de miel avec un pays dont la France est encore un des principaux partenaires économiques et culturels.  

 

Le temps de la lune de miel 

Cette coopération, mise en place en 1976, a été marqué par plusieurs opérations emblématiques. Au début des années 1980, l’opération Manta était destinée à contrer les velléités d’expansion du régime libyen. En 1986, c’est l’opération Épervier qui prend le relais: N’Djamena devient un point d’appui central de la politique sécuritaire de la France, véritable «porte-avions» dans le désert de l’Afrique subsaharienne. En 2014, c’est enfin le poste de commandement de l’opération Barkhane qui s’installe au Tchad.  

Durant cette période, l’armée tchadienne a acquis une belle expérience opérationnelle et une réputation élogieuse dans la lutte contre les groupes terroristes. Autant que la France a accumulé les critiques pour sa présence militaire, ses interventions contre les coups d’État multiples et son soutien à des régimes peu enclins aux pratiques démocratiques.  

 

Les frictions 

Les choses se sont accélérées en 2021 avec la mort d’Idriss Déby, président du Conseil d’État depuis 1990. Arrivé au pouvoir, Mahamat Déby, son fils, a eu besoin de gages et de signaux de rupture pour asseoir sa crédibilité interne. Cela coïncide avec l’apparition de la Russie dans le paysage et avec le début de la manœuvre de réduction de la présence militaire française.  

À la différence du Niger ou du Mali, le Tchad ne souhaiterait pas aujourd’hui rompre toute relation avec la France, mais bien diversifier ses partenariats, «cette rupture ne concernant que la coopération militaire dont le format est devenu obsolète». C’est en tout cas un virage fort pour un pays où le prisme sécuritaire surpasse tous les autres, et la porte ouverte à de nouvelles formes de partenariats qui incluront des pays comme la Russie, la Turquie ou la Hongrie, déjà présents.  

 

Quelle stratégie pour la France? 

Dès lors, quel avenir pour la stratégie française en Afrique? Ce n’est pas la première fois que la présence militaire est menacée, mais cela démontre que la France doit se renouveler, car ses actions seront toujours critiquées au prisme de l’héritage colonial. Quelques heures après l’annonce tchadienne, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, annonçait lui aussi qu’il allait reconsidérer la présence de la base française à Dakar, inacceptable selon lui dans un pays souverain. Alors que Jean Marie Bockel venait de remettre au président Macron son rapport d’émissaire sur l’évolution de notre relation avec l’Afrique, y compris dans le domaine militaire, il faut déjà se préparer à quelques modifications du plan. Mais, comme le disait le stratège allemand Moltke, «le plan reste la première victime de la guerre». 

Actuailes n°184 - 11 décembre 2024


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