Peut-être as-tu entendu parler ces derniers temps de la Corée du Sud et de la tentative d’instauration de la loi martiale. Ce pays connaît en effet une crise politique. Mais que cela veut-il dire exactement?
Un peu d’histoire
Après la Seconde Guerre mondiale, la Corée a été divisée en deux. En 1950, la Corée du Nord a envahi la Corée du Sud. La guerre a duré trois ans, faisant des milliers de morts. En 1953, il y a eu un armistice, c’est-à-dire que les affrontements ont cessé, mais les deux pays n’ont jamais fait la paix. Il existe une ligne de démarcation à la frontière des deux pays, avec des miradors, des tranchées et des soldats qui surveillent. Depuis plus de 70 ans, les deux États connaissent régulièrement des tensions.
Il y a toujours une dictature communiste au Nord, mais la Corée du sud s’est dotée d’institutions démocratiques au début des années 1980.
Une loi martiale justifiée?
En décembre 2024, le président de Corée du Sud, Yoon Suk Yeol a tenté d’imposer la loi martiale, c’est-à-dire une situation exceptionnelle où les soldats prennent le contrôle du pays à la place des institutions existantes (Assemblée nationale, par exemple). Cette situation est généralement la conséquence d’un problème grave qui touche à la sécurité du pays, comme une insurrection, ou encore le déclenchement d’une guerre. Ici, le président a déclaré vouloir «protéger» le pays «de la menace des forces communistes nord-coréennes».
Le problème, c’est qu’une grande partie de la population et des députés ne croient pas que la situation en Corée du Sud nécessite une telle loi et pensent que le président a surtout tenté de faire un coup d’État, de mettre ses opposants en prison afin de rester au pouvoir par la force. Le parlement a donc voté le blocage de la loi martiale et a destitué le président qui s’est retranché chez lui, mais qui n’a pas été arrêté, car il est toujours protégé par son service de sécurité. Des manifestants favorables et opposants au président sont tous les jours dans la rue, laissant craindre des affrontements.
Qu’en serait-il de la France?
La plupart du temps, les démocraties disposent de dispositions similaires. En France, il existe dans la constitution deux articles permettant de faire face à des situations exceptionnelles. L’article 16 donne des pouvoirs spéciaux au président de la République et l’article 36 ressemble à la loi martiale sud-coréenne, puisqu’il donne des pouvoirs aux militaires pour rétablir l’ordre. Dans les deux cas, il existe des dispositions qui permettent d’éviter les coups d’État. Pour l’article 16, il est interdit de modifier la constitution pendant que le président a les pouvoirs spéciaux, et le Conseil constitutionnel, composé de 9 sages dont le rôle est de veiller au respect de la constitution, exerce un contrôle au bout de 30 à 60 jours. Pour l’article 36, le Parlement continue d’exercer un contrôle et doit se prononcer sur la poursuite de l’état de siège au bout de 12 jours.
Le savais-tu?
En France, l’article 16 de la constitution n’a été utilisé qu’une seule fois par le général de Gaulle, suite à la tentative de coup de force de quatre généraux pendant la guerre d’Algérie en 1961.
Alexis
Actuailes n°185 - 15 janvier 2025
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