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À la cime des cèdres - un président pour le Liban

14-01-2025 à 12:43:38

Le Liban vient d’élire un nouveau président, Joseph Aoun, après deux ans de vacance du poste.  

Ancien chef des armées du Liban, le général Aoun se hisse à la tête du «pays du cèdre» où rien ne va plus. 

 

Les aiguilles des cèdres 

Joseph Aoun hérite d’une situation pour le moins compliquée et épineuse: le Liban est empêtré dans une profonde crise économique, aggravée par l’explosion du port de Beyrouth en 2020 et la guerre avec Israël depuis plusieurs mois – malgré une fragile trêve. 

Une grande partie du peuple libanais n’a plus accès aux services de base et souffre des lacunes de l’État dans de nombreux domaines: éducation, infrastructures et énergie, santé, etc. Car, plutôt qu’un élan fédérateur, la crise du pays des cèdres divise les clans. En effet, la vie politique est régie par une constitution qui prévoit une certaine répartition des responsabilités politiques par confession. Par exemple, le président est chrétien maronite (d’une Église catholique orientale). Derrière ce principe défini il y a près de cent ans, se cachent aujourd’hui certains profiteurs qui refusent la justice. La corruption est fortement présente dans la classe politique et les couches supérieures de la société que personne ne peut contrôler. 

Au milieu de cette forêt d’épineux, semble se dresser l’armée, seule institution encore stable.  

 

Les racines de l’expérience  

Le général Aoun a su maintenir droite son armée, et l’éloigner des affaires de corruption. Évoluant dans les rangs, il a ainsi gagné une forme de confiance de ses pairs. De quoi satisfaire les États-Unis et l’Occident, l’Arabie saoudite et même Israël, le voisin qui regarde le Liban en chien de faïence.  

Mais, pour se hisser à la cime de l’État, le président Aoun a certainement dû accorder quelques concessions. Fédérer un pays aussi divisé n’est pas chose aisée. En particulier, le Hezbollah, puissant «parti de Dieu» chiite, dispose d’une force armée, avec laquelle l’armée régulière du Liban doit nécessairement composer. Cependant, ce parti a été récemment affaibli par Israël. Et le président Aoun a d’emblée annoncé qu’il comptait bien avoir le «monopole des armes». C’est-à-dire qu’il souhaite que ce parti, sujet majeur de sécurité au Liban, limite grandement son influence, surtout militaire.  

En plus des nombreux sujets intérieurs (infrastructures, économie, santé, corruption, etc.), le nouveau président devra traiter la question des 2 millions de réfugiés syriens présents au Liban, qui compte 5millions d’habitants.  

Espérons que le général Aoun (qui d’ailleurs succède à un autre général Aoun!) sache se frayer un chemin au milieu de cette forêt de cèdres épineux. Il pourrait sinon finir dans les griffes d’Humbaba, le géant qui la garde, dans la mythologie mésopotamienne. 

Abu Jibril 

Actuailes n°185 - 15 janvier 2025


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