C’est l’histoire véridique d’un jeune homme qui avait déshonoré sa famille et le nom de son père. Elle rappelle l’évangile selon saint Luc (15, 11-24) et nous enseigne la grandeur de l’amour paternel de Dieu.
Cette histoire se passe au XXe siècle en Thaïlande. Sawat était né dans une famille chrétienne de la campagne thaïlandaise. Devenu grand, il voulut échapper à la morne existence villageoise et décida de quitter la maison de ses parents, pour aller chercher fortune en ville. Il arriva à Bangkok, la capitale du pays, mégapole où se côtoient la richesse et les misères, la finance et les trafics en tous genres. Bientôt, Sawat succomba aux tentations de l’argent facile. Il commença par vendre de la drogue aux clients d’un hôtel mal famé.
La chute de Sawat
Puis il tomba plus bas encore. Dans ce lieu de perdition, on vendait des jeunes en esclavage, et même des enfants. Sawat collabora à cet ignoble commerce.
Les choses continuèrent ainsi jusqu’à ce que, un jour, le vent tournât. On lui vola tout l’argent qu’il avait amassé. Puis il fut arrêté par la police. Libéré, il tomba dans la misère la plus extrême. Il se trouva réduit à vivre dans un taudis, près de la décharge de la ville.
Alors, assis dans son taudis, il pensa à sa famille. Il pensait spécialement à son père, un chrétien, un homme simple de la campagne. Il se rappelait ce que son père lui avait dit le jour de son départ: «Je t’attends.»
Le retour vers son père
Mais son père l’attendrait-il encore, après tout ce qu’il avait fait pour déshonorer le nom de sa famille? Serait-il le bienvenu à la maison? La nouvelle de la mauvaise vie de Sawat s’était déjà répandue depuis longtemps dans le village.
Finalement, il eut une idée. Il écrivit une lettre à son père.
«Cher père, je veux rentrer à la maison, mais je ne sais pas si tu me recevras après tout ce que j’ai fait. J’ai beaucoup péché, père, pardonne-moi. Samedi soir, je prendrai le train qui traverse notre village. Si tu m’attends encore, peux-tu accrocher un mouchoir blanc sur le figuier devant notre maison? Sawat.»
Pendant le trajet en train, il réfléchit à sa vie au cours des mois passés. Il savait que son père avait tout à fait le droit de rejeter sa demande. Alors que le train s’approchait enfin du village, il fut pris d’angoisse. Et s’il n’y avait pas de mouchoir blanc sur le figuier?
Un amour paternel immense
Assis en face de lui, un gentil étranger remarqua sa nervosité. Finalement, Sawat n’y tint plus. Il lui raconta toute son histoire. Le train approchait du village. Sawat dit: «Oh, monsieur, je n’ose pas regarder. J’ai peur que mon père ne me rejette. Pouvez-vous regarder pour moi ?» Sawat enfouit son visage entre ses genoux. «Vous la voyez, monsieur? À l’entrée du village, c’est la seule maison avec un figuier.»
«Jeune homme, votre père n’a pas accroché un mouchoir blanc seulement. Regardez, l’arbre est couvert de mouchoirs, il y en a sur toutes ses branches!» Sawat n’en croyait pas ses yeux. Les branches étaient pleines de petits carrés blancs. Devant la maison, son vieux père sautillait de haut en bas, agitant joyeusement un mouchoir. Quand Sawat sortit du train, son père se jeta à son cou, l’embrassant avec des larmes de joie. «Je t’attendais depuis longtemps!»
Fr. Antoine-Marie
Actuailes n°185 - 15 janvier 2025
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