Ma chère Aziliz,
Tu as sans doute lu, lorsque tu étais plus jeune, des ouvrages de la comtesse de Ségur, comme Les Malheurs de Sophie, Les Petites Filles modèles, ou encore Les Vacances. Mais sais-tu que ces livres ont été écrit par une grand-mère pour ses petits-enfants? Après avoir noté les histoires qu’elle leur racontait, elle a écrit un ouvrage spécifique pour chacun d’entre eux.
La comtesse de Ségur, née le 1er août 1799, n’a pas eu une vie banale. Elle est née à Saint-Pétersbourg, en Russie.
Son père, le comte Rostopchine, est un officier de l’armée russe, qui est ministre des Affaires Étrangères du tsar Paul Ier, puis en 1812, lors de la campagne militaire de Napoléon contre la Russie, gouverneur de Moscou: c’est donc le comte Rostopchine qui ordonne l’incendie de la ville pour empêcher que les troupes françaises ne la pillent et ne puissent s’y abriter. Si cette mesure radicale est efficace, elle provoque le mécontentement de la population moscovite, et la famille de la jeune Sophie doit s’exiler et trouve refuge en France. C’est là que, quelques années plus tard, elle rencontre le comte de Ségur, qu’elle épouse.
Le couple a huit enfants, quatre garçons et quatre filles, dont sept atteignent l’âge adulte. Cinq d’entre eux se marient, au milieu du XIXe siècle, tandis que le fils aîné de la comtesse devient prêtre (il sera même nommé évêque plus tard), et qu’une des filles entre en religion.
En quelques années, la comtesse voit naître ses dix-neuf petits-enfants. Elle séjourne alors très souvent dans la campagne normande, et elle reçoit ses petits-enfants dans son château des Nouettes, à côté de L’Aigle. Ce sera le décor des histoires qu’elle raconte d’abord à ses petits-enfants, et qu'elle mettra par écrit par la suite.
Certains de ces livres sont très connus, comme Un bon petit diable, François le bossu, Mémoires d’un âne, le plus connu étant Les malheurs de Sophie, inspiré de l’enfance de la comtesse, qui a été élevée de façon rude par sa mère en Russie. La comtesse a aussi puisé dans ses souvenirs d’enfance pour créer le personnage du général russe prisonnier en France que l’on voit apparaître dans L’Auberge de l’Ange gardien et Le Général Dourakine.
À la fin de sa vie, elle a aussi raconté et commenté pour ses nombreux petits-enfants l’Évangile, les Actes des apôtres et l’Ancien Testament, ouvrage qui est maintenant édité sous le nom de La Bible d’une grand’mère.
Tu as sans doute, ma chère Aziliz, lu ces histoires il y a quelques années, et rêvé d’avoir des aventures aussi palpitantes que celles que rencontrent Paul, Madeleine et Camille dans Les Vacances! Et si tu t’amusais à découvrir à nouveau ces histoires, avec tes frères et sœurs qui ne les ont peut-être pas encore lus? Cela serait une chouette occupation pour une après-midi trop froide pour jouer au jardin…
Je t’embrasse,
Tante Cécile
Actuailes n°186 - 29 janvier 2025
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