Du 9 au 12 janvier, en Ouganda, le sommet de l’Union africaine a débouché sur la déclaration de Kampala, nouvelle feuille de route pour l’agriculture et l’alimentation sur le continent pour la prochaine décennie.
Ces priorités avaient été discutées quelques mois plus tôt pendant le Forum africain des systèmes alimentaires à Kigali (Rwanda).
Une approche globale
L’agenda approuvé à Kampala adopte une approche plus globale des besoins du système agro-alimentaire du continent. «Il ne suffit pas de produire, approuve le secrétaire général de la Confédération paysanne du Burkina Faso. Il faut aussi apporter une valeur ajoutée à cette production, apporter de la connaissance aux agriculteurs, pour qu’ils puissent utiliser les techniques et les technologies. Il faut aussi travailler sur des infrastructures routières et accompagner le secteur industriel à se développer. C’est un grand chantier, reconnaît-il, mais on va se donner les moyens de réussir ce que nous avons commencé.»
Des objectifs très (trop?) ambitieux
Il y a dix ans, la déclaration de Malabo (Guinée équatoriale) fixait des objectifs très ambitieux visant à combattre les problèmes alimentaires d’Afrique. Des objectifs tels que l’affectation de 10% du budget de chaque pays à l'agriculture ou encore la réduction de moitié de la pauvreté d’ici à 2025. Mais ils sont loin d'avoir été atteints par les États membres. «Nous constatons que très peu, si ce n’est aucun pays, n’a réussi à allouer 10% de ses budgets nationaux à l’agriculture, regrette un député congolais et secrétaire général du réseau parlementaire africain sur les systèmes alimentaires. Notre vrai défi n’est pas un défi technique, technologique ni même financier. Notre vrai défi est un défi politique. Kampala doit être une décennie décisive pour relancer cette volonté politique.»
Une prise de conscience politique et continentale…
D’ici à 2035, la déclaration de Kampala vise notamment à réduire de moitié les pertes post-récoltes, à tripler le commerce intra-africain de produits alimentaires ou encore à augmenter de 35% les aliments transformés localement. «Dans le monde de l’après-conférence de Malabo, souligne Donald Brown, vice-président du Fonds international de développement agricole (FIDA), il sera important de traduire les déclarations du niveau continental vers les organismes économiques régionaux, tels que la SADC et la CEDEAO, où les ministères des Finances seront mutuellement responsables des résultats obtenus.»
À l’heure de l’émancipation
La déclaration de Kampala réaffirme l’urgence de développer la capacité du continent à nourrir ses habitants, dont 58% sont touchés par une forme modérée ou sévère d'insécurité alimentaire, selon l’Organisation des Nations unies. Un enjeu d’autant plus important face aux prévisions de croissance démographique, estimant à 2,5milliards d’habitants la population africaine d’ici à 2050. Mais un enjeu que l’Afrique devra relever seule ou avec de nouveaux partenaires, après s’être progressivement émancipée de la tutelle d’ex-puissances coloniales, comme la France. De plus, Donald Trump a, dès son élection, suspendu toutes les aides américaines vers les pays africains afin d’en réévaluer la pertinence.
Guillaume P
Actuailes n°186 - 29 janvier 2025
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