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Trump bouscule l’Europe et sa défense

27-01-2025 à 17:02:38

Quelques jours avant d’être investi président des États-Unis, Donald Trump a déclaré qu’il n’apporterait pas d’aide militaire aux États européens qui le solliciteraient s’ils n’investissaient pas plus dans leur budget dans leurs dépenses militaires. 

Cette annonce a provoqué d’importants remous dans les chancelleries européennes. En effet, alors que la guerre est revenue en Europe et à ses portes (conflit ukrainien, affrontements en Syrie impliquant la Turquie, tensions avec l’Algérie, guerres civiles latentes sur fond de terrorisme), ce sont les Américains qui en assument la plus grosse part. Comment les Européens pourraient-ils revenir dessus et assumer eux-mêmes leur défense? 

Une armée européenne ? 

Précisons tout d’abord que l’Union européenne ne peut rien faire. En effet, les traités qui organisent son fonctionnement précisent que la défense constitue une prérogative appartenant aux États et non pas aux institutions. La présidente de la Commission, Mme von der Leyen, a beau militer pour que soit nommé un commissaire à la défense, cette disposition n’est pas légale et ferait basculer l’UE vers plus de fédéralisme, au-delà de l’équilibre actuel. 

Par ailleurs, le message de Trump s’applique à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), alliance qui vise à protéger ses membres de part et d’autre de l’océan Atlantique. Il remet alors en cause en partie le traité: les Américains n’aideraient pas les Européens, si les 2% de financement n’étaient pas respectés. Mais les Européens ne pourraient-ils pas s’apporter l’aide dont ils ont besoin?  

Une difficulté historique 

Précisons maintenant que de nombreuses discussions ont eu lieu sur ce point après la Seconde Guerre mondiale, sans succès. Rapidement, les Européens ont rappelé les Américains à leur aide aux premiers signes de la guerre froide, craignant un déferlement de l’armée soviétique. En 1954, l’initiative de Communauté européenne de défense qui visait à créer une armée européenne, s’est heurtée à la crainte française de voir l’Allemagne se réarmer, moins de dix ans après la fin du reich hitlérien. 

Une nouvelle approche consisterait alors à mettre sur pied une armée de coalition composée d’unités de pays européens, volontaires et capables, sous un commandement unique, comme ce qui permit aux alliés d’être victorieux de la Première Guerre mondiale. Il s’agit toutefois d’une idée très politique qui se heurte à la réalité: le maréchal Foch se plaignait déjà, en 1918, de la difficulté à manier une coalition et de son manque d’efficacité. Sur un point plus éthique, une question demeure: pour qui un soldat accepte-t-il de mourir? En réalité, il offre sa vie pour sa patrie, la terre de ses pères, pour sa nation, cette famille de familles, ou tout au moins pour ses intérêts… et non pas pour de lointains voisins, même Européens, ou encore pour une idée politique. C’est peut-être le point essentiel à regarder avant de mettre sur pied une armée européenne. 

Alexis Mennesson

 

Actuailes n°186 - 29 Janvier 


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