© Photo : RmnGrandPalais (PBA, Lille) / Stéphane Maréchalle
Quel désordre sur ce guéridon! Et pourtant, seul le meuble est vrai, tout le reste n’est qu’illusion. L’œuvre d’un peintre virtuose, capable de tromper nos sens par sa peinture.
Subtile réclame
Tout n’est qu’apparence, et l’illusion est parfaite. Le dessin est si précis, les ombres si réalistes que le spectateur pourrait croire que quelqu’un vient de vider ses poches, laissant épars cartes à jouer, pièces et papiers divers. L’effet est saisissant.
Le désordre lui-même est parfaitement composé. Vois-tu la pièce isolée? Elle est frappée à l’effigie de Napoléon Bonaparte. Les spécialistes émettent l’hypothèse que ce meuble aurait été conçu pour lui. Cette pièce serait un clin d’œil à son commanditaire.
Un morceau de papier déchiré, coincé sous une loupe, mentionne «M. Boilly, rue Meslée 12, à Paris». Ce sont les coordonnées de l’artiste, qui semble ainsi avoir laissé sa carte de visite, invitant ceux qui verraient sa peinture à passer commande. Le peintre savait faire sa publicité.
Le peintre savait faire sa publicité.
Une signature originale
Deux petits médaillons s’ajoutent aux différents objets, peints très minutieusement. Sur l’un d’entre eux, un homme ébahi porte ses mains en avant, comme si elles étaient bloquées par une vitre. L’autre est un autoportrait de Boilly, qui utilise son visage comme une signature.
Une pointe d’humour
Le talent du peintre est tel qu’il va jusqu’à représenter des gouttes de colle qui seraient tombées sur le papier; il fallait un beau degré d’humour pour choisir tous ces détails.
S’ajoutent à ces objets divers papiers, des clous, des jetons, des plumes, et même un morceau de verre cassé sous lequel sont visibles, en transparence, des documents colorés.
Toute l’œuvre est plus vraie que nature. Te serais-tu laissé prendre par le subterfuge?
Le trompe-l’œil
Le terme aurait été employé pour la première fois par Boilly en 1800. Si le mot entre tardivement dans notre vocabulaire, les peintres jouent depuis des siècles à tromper le regard des spectateurs. On en retrouve des exemples dès l’Antiquité. Le genre a longtemps été considéré comme mineur par les critiques, mais très apprécié par le public.
Tu peux en voir de récents sur des immeubles, ils contribuent à embellir l’espace public.
N’as-tu jamais été surpris, au détour d’une rue, par une façade peinte?
Sophie Roubertie
Actuailes n°186- 29 janvier 2025
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