Un chantier titanesque en chasse un autre en région parisienne. Après la monumentale reconstruction de Notre-Dame de Paris en cinq ans, les travaux de reconstruction de la flèche de la basilique de Saint-Denis ont commencé.
La basilique de Saint-Denis occupe une place centrale dans l’Histoire de France.
Nécropole royale
Depuis la mort du roi Dagobert en 639, 43 rois et 32 reines y ont leur sépulture. Elle a d’ailleurs été longtemps surnommée le «cimetière aux rois». La basilique est considérée comme un des berceaux de l’art gothique, ayant inspiré d’autres modèles dans toute l’Europe. Mais la Révolution a failli lui porter un coup fatal. En 1793, les tombes des rois sont profanées et le bâtiment laissé à l’abandon. Napoléon va heureusement la sauver en lançant des travaux de restauration. Il installe alors la maison d’éducation de la Légion d’honneur dans les anciens bâtiments monastiques.
Une flèche dans la tourmente
Datant du XIIe siècle, la flèche de la cathédrale culminait à 90 mètres de hauteur. Elle va toutefois subir la foudre le 9 juin 1837. Elle est alors réparée, mais une tornade la fragilise en 1845. Il est alors décidé de la démonter, mais dans l’espoir de la remonter au plus vite. Il faudra attendre 2024 pour que ce projet reprenne vie.
Un chantier colossal
Des travaux de consolidation sont nécessaires avant de remonter les 15200 pierres composant la tour Nord. Celles d’origine sont trop abîmées pour être réutilisées. De nouvelles, similaires aux premières vont être extraites d’une carrière de l’Oise. Et au moins 15% seront taillées à la main. Mêlant les techniques les plus modernes aux procédés ancestraux, plus de 130 artisans vont être mobilisés. Et des dizaines d’apprentis vont y être formés, dans un processus de transmission des savoirs.
Financement privé
En dépit du caractère extraordinaire de Saint-Denis au sein du patrimoine national, l’État n’a pas souhaité contribuer aux frais. Pour financer cette reconstruction, estimée à 28 millions d’euros, un musée temporaire va donc être créé au pied de la basilique. Environ 50 artisans, dont des forgerons et des tailleurs de pierre, présenteront leur savoir-faire et leur art aux visiteurs. Le musée permettra aussi de découvrir l’histoire de la basilique grâce à la réalité virtuelle. L’ouverture au public est fixée au printemps 2025.
Des collectivités locales (région ou département) ont octroyé des subventions. Des fonds privés d’entreprises soutiennent également le projet. Enfin, chacun peut y contribuer, et de manière originale avec l’achat virtuel d’une ou plusieurs des 15200 pierres qui façonneront la tour. Pour un don de 15 euros, vous deviendrez membre de la «communauté de la flèche» et posséderez un jumeau numérique1 d’une pierre. Presque 500 donateurs se sont déjà manifestés, permettant de récolter 66 000 euros.
La fin des travaux est planifiée en 2029. Nous souhaitons à ces artisans beaucoup de succès dans ce projet de mise en valeur de notre patrimoine riche de sens.
Actuailes n°186 - 29 janvier 2025
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