Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé en Allemagne, le weekend du 1er février, pour manifester contre le rapprochement des partis politiques de droite en faveur d’une limitation de l’immigration.
Quelques jours auparavant, les députés CDU-CSU (conservateurs) et AfD (eurosceptiques, nationalistes) se sont réunis pour travaillersur un projet de loi limitant le regroupement familial et facilitant la mise en détention des étrangers illégaux. Alors que des élections sont prévues fin février pour renouveler l’ensemble des députés, certains craignent un accord entre des partis de gouvernements et l’extrême-droite.
Crise politique
Il faut signaler que la vie politique allemande connaît une crise, très similaire à celle que vit la France. Déjà en 2021, pour la première fois depuis 1945, les grands partis CDU et SPD (socialistes) avaient réuni moins de 50% des suffrages. Puis, lors des élections européennes de juin 2024 et les scrutins régionaux de septembre dernier, ils ont connu un net recul, alors que l’AfD réalisait une forte poussée. Incapables de trouver une alliance pour gouverner, le chancelier perdit le vote de confiance en décembre et le président se vit contraint de dissoudre le Bundestag, équivalent de notre Assemblée nationale.
Montée du parti AfD
«On a vraiment le sentiment d’être juste avant 1933», disent certains manifestants, au prix de quelques raccourcis. Ils font référence à la montée du parti d’Hitler qui parvint au pouvoir en 1933, après des élections démocratiques. Dans une discussion, on appelle cela atteindre le point Godwin: il est fait référence au nazisme dans le but de discréditer l’adversaire, avouant alors en creux que le débat est un échec et que l’on a plus d’argument raisonné. C’est le cas dans cette situation: les manifestants sont issus de partis minoritaires dans les urnes, mais ils refusent l’influence grandissante du parti AfD, et surtout de remettre en question les causes de la crise.
Pourtant, la majorité silencieuse, en Allemagne comme en France, pousse peu à peu vers le pouvoir ces partis qui répondent à leurs attentes: dette de l’État excessive, immigration et violence quotidienne incontrôlée, mondialisation débridée… En France, on parle du RN, en Allemagne de l’AfD, mais les problématiques sont les mêmes.
Pendant ce temps, outre-Atlantique, l’avènement de Donald Trump prend les Européens à contrepied. Il a identifié des difficultés majeures et les traite à bras-le-corps: abolition du wokisme, régulation de l’immigration illégale, protection de l’économie américaine. Aujourd’hui, les gouvernements européens s’inquiètent des conséquences de tels choix américains, privilégiant de sauvegarder l’héritage des gouvernements socialistes et démocrates-chrétiens. Au risque de voir leurs adversaires accéder au pouvoir demain ?
Alexis Mennesson
Actuailes n°187 - 12 Février 2025
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