Mohammed Ben Salmane, prince héritier du royaume saoudien, transforme son pays de fond en comble.
Pour cela, il avance chaque jour d’un pas vers ses voisins, ses alliés et même ses anciens ennemis. Ce faisant, il grimpe vers les sommets.
Au pays de l’or noir…
En une décennie, l’Arabie saoudite, que l’on dépeignait comme rigoriste et aux pratiques archaïques, a décollé ces étiquettes: elle est aujourd’hui un royaume qui s’ouvre dans pratiquement tous les domaines. Les femmes conduisent, étudient et vont au cinéma, activités impensables il y a peu. On peut même, sous certaines conditions, se procurer et consommer légalement de l’alcool, pratique interdite en islam!
Car le prince Mohammed ben Salmane («MBS») a donné un virage à la politique intérieure du pays, notamment sur les plans social et économique. Bien que l’Arabie saoudite soit assise sur des réserves colossales de pétrole qui lui rapportent beaucoup, le prince dirige le pays pour qu’il soit prêt à la période post-pétrole. Ce pays du Moyen-Orient s’est ainsi donné un cap à moyen terme (soyons précis: 2030) pour enrayer la dépendance au pétrole dans lequel il baigne: il s’ouvre sur bien des terrains afin d’attirer l’attention et les capitaux du monde. Il a même supprimé la police des mœurs, c’est dire! Malgré quelques balbutiements, par exemple au sujet de la mégalopole futuriste «Neom» en plein désert, pour l’instant, ça marche!
Et surtout ailleurs!
En premier lieu, le retour de D. Trump à la présidence des États-Unis semble satisfaire largement MBS: c’est d’ailleurs le premier dirigeant du monde à avoir été contacté par le nouveau président américain. En hommes d’affaires qu’ils sont, ils conviennent d’investissements saoudiens pharaoniques aux États-Unis.
La France, le Royaume-Uni et la Suisse, mais aussi la Russie, ont aussi chacun leur part du gâteau et jouissent des investissements saoudiens. Ces relations intéressées sont entretenues grâce aux bénéfices des ventes du pétrole qui se terre sous le désert saoudien et dont tout le monde a encore besoin.
Mais l’influence de MBS s’étend bien aussi au Moyen-Orient: Égypte, Liban, Syrie (la première visite à l’étranger du président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, a eu lieu à Riyad le 2février), etc. Riyad s’efforce de maintenir une stabilité relative dans la région où trône MBS, assis sur ses pétrodollars. Et l’affaiblissement actuel de l’Iran, son grand rival, lui va bien!
Pour compléter le tableau, MBS cherche à tisser sa toile au-delà des États: à l’échelle mondiale, il s’immisce aujourd’hui dans les questions des droits de l’homme et dans celles du climat (l’Arabie saoudite applique la peine de mort et est l’un des pays les plus pollueurs de la planète).
De quoi changer les mentalités de sa propre région et de se faire passer aux yeux du monde pour quelqu’un de fréquentable, voire incontournable.
Abu Jibril
Actuailes n°187 - 12 février 2025
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