Ours blanc – François Pompon (1855-1933)

De l’ours polaire, le sculpteur Pompon n’a pas retenu l’exacte représentation anatomique. Par l’élimination de l’accessoire, il parvient à produire une émotion et à mettre en valeur les caractéristiques de l’animal. 

Styliser pour aller à l’essentiel 

Le corps est massif, la tête et le cou plus allongés que dans la réalité. Tout en avançant, l’animal se tourne légèrement, comme pour observer son environnement. Les contours de la sculpture sont doux et arrondis, la finition, lisse, faisant disparaître les détails de la fourrure. Sans souci d’une reproduction réaliste, l’artiste recherche ce qui fait l’essentiel de l’animal. Il élimine, retranche, polit… Les formes sont simplifiées, mais rien ne manque.  

Observer pour sculpter 

En 1922, date des premières versions de cet ours, l’observation dans le milieu naturel n’était évidemment pas envisageable. Mais François Pompon aimait à observer les animaux du Jardin des plantes de Paris. Il aura pris le temps de regarder la démarche, le port de tête, la musculature, les mouvements du corps. Il en a fallu des croquis et des ébauches avant de les transcrire dans le plâtre, puis dans un bloc de marbre! L’artiste avait déjà 67 ans et avait été assistant de plusieurs sculpteurs, dont Auguste Rodin et Camille Claudel. C’est dire que son expérience était déjà riche.  

Reproduire pour faire vivre l’œuvre 

L’Ours connaîtra une telle popularité que le sculpteur en fera de nombreuses copies, en bronze, marbre ou porcelaine, et même en plâtre, n’hésitant pas à modifier certains aspects originaux. Celle qui est reproduite ici est visible au Metropolitan Museum of Art de New York. Il en existe une plus tardive, en pierre de Lens, exposée au musée d’Orsay. On peut aussi le voir à Dijon. Certains sont de petite taille, d’autres atteignent une grandeur nature.  

Plus de cent ans après sa création, l’œuvre est toujours aussi appréciée. Sous son aspect de gros nounours tranquille, on en oublierait presque combien l’animal est dangereux, n’est-ce pas? 

Sophie Roubertie

Actuailes n°187 - 12 février 2025