L’agriculture française traverse une crise majeure. Le gouvernement tente d’y répondre avec une loi spécifique.
Alors que le Salon international de l’Agriculture ouvrira ses portes le 22 février, François Bayrou et son gouvernement redoublent d’efforts au profit du monde agricole.
Une crise profonde
En 10 ans, la France a perdu 100000 fermes. Et le revenu des agriculteurs a fortement baissé, 18% d’entre eux vivant sous le seuil de pauvreté. Ils travaillent pourtant 55 heures par semaine, bien loin de la moyenne française de 37 heures. Et ils vieillissent, la moitié d’entre eux ayant plus de 50ans. La situation est donc préoccupante.
Mais comment en est-on arrivé là? C’est assez simple: les prix de vente baissent, et en même temps les coûts de production augmentent. Leurs revenus sont donc en chute libre. Ils subissent la concurrence de produits du monde entier qui tirent les prix vers le bas. En effet, les salaires y sont plus faibles, comme les taxes. Mais, surtout, les agriculteurs français doivent respecter de multiples règles, rarement leurs concurrents. Et la situation est généralement absurde. Par exemple, pour les cerises, les producteurs français n’ont pas le droit d’utiliser le seul pesticide efficace contre les mouches, car la Commission européenne le juge dangereux pour l’homme. Alors, comment expliquer que des cerises turques traitées avec ce pesticide dangereux puissent être importées sans restriction pour l’industrie alimentaire? Il s’agit d’une concurrence déloyale.
Danger mortel
Cette situation menace directement notre souveraineté alimentaire, c’est-à-dire la capacité des agriculteurs français à nourrir leurs compatriotes. Et la crise du covid nous a rappelé qu’il était dangereux de dépendre de l’étranger pour ses approvisionnements. C’est également inquiétant pour l’économie française, qui perd de la richesse et des emplois. Enfin, il faut se rappeler que ce sont les paysans qui entretiennent nos campagnes, coupent les haies, déneigent en hiver. Qui les remplacera?
Quelle réponse?
Un projet de loi a été déposé. Il vise à garantir notre souveraineté alimentaire. Pour cela, des mesures sont proposées pour faciliter la reprise des fermes ou simplifier la réglementation. Mais ces solutions sont-elles à la hauteur des enjeux? Le problème n’est-il pas plus profond? En effet, les normes liées à l’écologie sont imposées par la Commission européenne. La France ne peut s’y opposer. Mais, pire, ces normes sont souvent aggravées par les députés, au grand dam des agriculteurs. De plus, l’Europe impose une ouverture de nos frontières aux productions étrangères, contre lesquelles les fermiers français ne peuvent pas être compétitifs. La concurrence est faussée, car les règles ne sont pas les mêmes. Nous sommes peut-être également tous un peu fautifs. Qui est prêt à payer plus cher ses légumes pour permettre à son producteur de vivre dignement? Sommes-nous obligés de manger des tomates en hiver au lieu de vivre au rythme des saisons avec des légumes de notre région?
La France est un pays de tradition agricole, «labourage et pâturage [étant] les deux mamelles de la France» (Sully, 1638). Mais cette position est aujourd’hui menacée. L’effort du gouvernement et des Français est donc primordial pour inverser la tendance et garantir à nouveau notre souveraineté alimentaire.
Julien Magne
Actuailes n°187- 12 Février 2025
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